01 mars 2021
02 mars 2021
De la multitude d’interrogations suscitée par l’acte – fort peu anodin – qui consiste à noter de la musique, deux postures dominantes semblent avoir émergé : interprétant la notation comme un geste essentiellement pragmatique, l’une lui accorde une valeur nettement apodictique qui tend à restreindre l’investigation aux seuls domaines paléographiques et performatifs ; l'interprétant comme l’expression anhistorique d’une idée qui la transcende, l’autre y reconnaît volontiers une simple fonction bijective, minorant ainsi sa nature complexe et polymorphe. Or, toute notation combine de multiples régimes – pictographiques, diagrammatiques, symboliques, etc. – qui répondent à des logiques contrastées et réfèrent à des réalités mouvantes où la dénotation initiale peut faire l’objet d’innombrables extensions. Ainsi, noter de la musique revient peut-être moins à rendre compte d’un phénomène sonore, qu’à l’analyser et à le réduire à un nombre restreint de paradigmes (diastématiques ou rythmiques, par exemple) ; noter de la musique ne se limite pas à répondre à des exigences performatives, mais implique bien souvent de signifier des qualités n’ayant rien de sonore (un statut social ou auctorial, par exemple) ; noter de la musique ne se résume pas à inscrire une œuvre, mais revient à la situer dans un réseau de significations que déterminent à la fois les affordances de l’écriture et les inférences de son lecteur.
En rassemblant une quinzaine de compositeurs, musiciens et musiciennes, musicologues et philosophes spécialistes de notations anciennes et contemporaines, le colloque « Que note la notation ? » entend multiplier les points de vue sur les enjeux théoriques de la notation musicale pour interroger ce réseau de significations et explorer la richesse de ses usages.
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Vidéo : Karl Naegelen, Léger, très léger (2021). Anna Jalving, violon.
Chansons, rondeaux et motets (XIIIe siècle). Brice Duisit, chant, vièle et luth.
00’00’’ Thibaut de Champagne, Une chancon en cor vueil. Grand chant courtois (extrait), ca 1230/50. Manuscrit du Roi, f. 53v.
01’14’’ Thibaut de Blason, Quant je voi este venir. Grand chant courtois (extrait), début du XIIIe siècle. Manuscrit du Roi, f. 18.
03’22’’ Guillaume d’Amiens, Dame, pour men lonc sejour. Rondeau, ca 1250-1270. Chansonnier a, Reg. Lat. 1490, f. 118.
04’11’’ Guillaume d’Amiens, De ma dame vient. Rondeau, ca 1250-1270. Chansonnier a, Reg. Lat. 1490, f. 119.
05’38’’ Anonyme, J’ai bele dame amee. Rondeau, fin XIIIe-début XIVe siècle. Manuscrit du Roi, f. 5v.
06’54’’ Anonyme, Trop ai este lonc tans mus. Rondeau, fin XIIIe-début XIVe siècle (plusieurs types de performances possibles). Manuscrit du Roi, f. 4v.
10’25’’ Anonyme, Hui main au douc mois de mai/HEC DIES. Motet à 2 voix, ca 1260, Manuscrit du Roi, f. 206v.
11’08’’ Anonyme, Grevé m’ont li mal d’amer/IOHANNE. Motet à 2 voix, ca 1260, Manuscrit du Roi, f. 205v et de Noailles, f. 180.
11’53’’ Anonyme, Onques n’amai tant com je sui amee/SANCTE GERMANE. Motet à 2 voix, ca 1260, Manuscrit du Roi, f. 205 et de Noailles, f. 179.
14’02’’ Anonyme, Puis ke belle dame m’aime/FLOS FILIUS EIUS. Motet à 2 voix, ca 1260, Chansonnier de Noailles, f. 180v.