Dans la catégorie : ŒUVRE ARCHITECTURALE
Prix 2021
Arnd AMAND, du bureau EDA-AU, pour le foyer de remédiation et d’éducation à Rwamishiba au Rwanda.
« Comment construire en maçonnerie avec moitié moins de béton, sans produits pétroliers et avec très peu de bois ? Comment se protéger de la surchauffe et des pluies violentes ? Comment éviter la dépendance aux technologies et leur maintenance ? Comment être autonome ? L’Afrique offre ce que l’Occident a perdu avec la réglementation et la normalisation des techniques : une liberté d’expérimenter, de construire autrement, de choisir sans pression commerciale les matériaux et les équipements. L’Afrique peut nous aider à nous remettre en question et à privilégier le bon sens plutôt que des réglementations à tout va. » (Arnd Amand, extrait du panneau de présentation)
Dans la réalisation de cette école à l’architecture atypique, mais attachante, tout est repensé jusque dans les moindres détails, en fonction des circonstances et des opportunités locales. Et c’est l’humain qui passe avant toute autre considération. Le Jury a particulièrement apprécié cette démarche qu’il a jugée exemplaire et parfaitement en accord avec les impératifs et les questionnements de notre temps.
Mention spéciale
Geert De Groote pour l’école primaire Hofkouter à Sint-Lievens-Houtem, qu’il a réalisé en association avec Bernard Wittevrongel.
Perfection formelle, virtuosité de la composition du plan et des façades, telles sont les principales qualités que le Jury a décelées dans cette réalisation. Il a notamment apprécié l’habile symétrie du plan de structure, par rotation autour du point central, judicieusement induite par la position des deux grandes salles qui occupent le rez-de-chaussée. Il y a aussi cet enrichissement visuel de la façade, par ce glissement partiel et subtil d’un niveau vers l’autre. La référence à la Casa del Fascio de Terragni est explicite, et place cette réalisation dans une sorte de pérennité militante du mouvement moderne. Néanmoins, par sa géométrie implacable et rigoureuse, cette œuvre dégage une réelle intemporalité, sinon une spiritualité qui, dans le traitement des rapports architectoniques intérieurs, semble héritière de Hans Van der Laan. Ce sont ces qualités d’intemporalité qui autorisent à cette réalisation de déroger, en apparence, à la convenance formelle des poncifs du développement durable.
Mention spéciale
Brice Polomé pour le Hangar à sel qu’il a réalisé à Houffalize, dans le cadre du bureau Goffart Polomé Architectes.
Un objet aussi élémentaire que celui d’un hangar à sel, traité tel qu’il l’a été dans cette réalisation, peut constituer un véritable bijou dans le paysage. Le soin apporté aux qualités formelles de ce projet ne s’est nullement opposé à la nécessaire frugalité de son programme, bien au contraire. La sincérité fonctionnelle du traitement de sa base en bois entre en résonnance avec les deux silos voisins autant qu’avec le caractère sylvicole de cette région ardennaise. Durant, les nuits hivernales et glaciales, lorsque ce bâtiment offre pleinement ses services, il devrait illuminer le paysage tel une lanterne salvatrice. Le Jury a été d’autant plus enclin à distinguer cette réalisation que cette dernière s’est vue incomprise et dénaturée par une pudibonde intervention du maître d’ouvrage, celui-ci ayant intempestivement fait habiller la base en bois dont il doutait de la résistance naturelle.
Dans la catégorie : TRAVAIL REFLEXIF
Prix Duyver 2021
Valentin BOLLAERT pour le film « VUE SUR... », consacré à la maison personnelle de Roger Bastin, et réalisé par le collectif NORD (Valentin Bollaert et Pauline Fockedey) en collaboration avec Charlotte Marchal.
Le Jury a considéré que ce travail et son mode de présentation répondent particulièrement bien aux attendus de cette catégorie. Le regard porté sur l’architecture y est non seulement original, mais il nous fait entrer dans l’intimité même du lieu habité par la vision ainsi que par le rapprochement du point de vue et de ce qui est regardé. En particulier, la fenêtre en tant que « cadre du monde » y est présentée autant dans sa matérialité immédiate, voire intime, que pour le paysage qu’elle contient et offre à contempler, ainsi que la lumière qu’elle prodigue. La présentation en deux images confrontées, fixes ou doucement mobiles, est particulièrement adéquate pour développer ce propos. Bien qu’il ne s’agisse nullement d’une « visite » de la maison, on ne peut en effet pas la connaître par la seule vision de ce film, celui-ci confère le sentiment d’y être pénétré et d’en avoir perçu la matérialité, l’atmosphère, l’intimité. Tous les sens sont convoqués, depuis la perception de l’immensité du paysage jusqu’au toucher de la matière.
En outre, le Jury a estimé qu’un intérêt supplémentaire de ce travail réside dans la réalisation en équipe, par le regroupement de compétences diverses et complémentaires.