Fiona Nziza travaille au sein de l'ONG Louvain Coopération où elle est chargée d’éducation solidaire et mondiale. Elle sensibilise la communauté universitaire aux relations Nord-Sud*.
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Que signifie exactement sensibiliser la communauté universitaire aux relations Nord-Sud à l’UCLouvain?
Nous travaillons en premier lieu avec les kots à projet (Kap) qui sont déjà engagés pour appuyer leurs activités. Et puis, bien sûr, nous sensibilisons les étudiant·es qui n’ont pas de prime abord cet engagement ou qui n’ont pas le temps de le faire. On travaille sur plusieurs dimensions et on touche plus ou moins tou·te·s les étudiant·es.
Quant à l’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire, cela signifie que nous sensibilisons et informons un certain type de public - les étudiant·es et la communauté universitaire au sens large - avec une pédagogie dite citoyenne, une pédagogie "décoloniale", sur les rapports Nord-Sud. L’objectif est de déconstruire les stéréotypes que nous avons l’habitude d’entendre dans les médias ou de la part de certaines personnalités politiques.
Il s’agit donc d’appréhender la réalité autrement à travers différentes méthodes et avec l’appui des personnes ?
Oui tout à fait. En termes d’activités, ça varie beaucoup, surtout en fonction des publics. Le plus souvent, on démarre avec des expositions, des activités d’information plutôt légères. Pour un public averti déjà engagé ; notre rôle est d’appuyer leurs activités pour les faire rayonner en ajoutant un peu plus de contenu ; en leur donnant des formations pour qu’ils puissent à leur tour sensibiliser les autres.
Quel type de séjour international avez-vous effectué ?
Originaire du Burundi, j’ai fait des études en économie et management internationaux en France, à Lille, pendant cinq ans avec une spécialisation en ingénierie des projets de coopération. Ensuite, je suis venue en Belgique pour un stage à l’issue duquel j’ai signé un contrat. Je suis donc restée à Louvain coopération. Ce stage en Belgique était pour moi une occasion de découvrir comment ça fonctionne ailleurs et aussi de vivre une expérience professionnelle autre que celle que je pourrais acquérir dans mon pays.
Quelles ont été tes premières impressions à ton arrivée à l’UCLouvain?
Ce qui m'a le plus marqué ? Le climat. Il faisait froid. Et puis, c'est aussi cette dimension de l'accueil, qui est totalement différente de ce que nous connaissons en Afrique. C'est une autre culture, c'est sûr. Il faut la découvrir et l’apprivoiser. Comprendre les codes d’une société et voir comment « ça marche » prend du temps. Mais au final, disons que c’est très intéressant.
Que veux-tu dire quand tu évoques un accueil complètement différent?
Chez nous, au Burundi, tout le monde se connaît, tous les voisins, etc. Ici, pas du tout. L’étudiant avec qui on était en cours noue le contact et une fois sorti de l’auditoire, on ne se connaît plus. Bizarre. Ce sont des petites choses. Je nuance car ce n’est pas pareil pour tout le monde…
Quel est le principal obstacle à surmonter quant à ces différents projets de mobilité?
Pour ma part, c’est surtout le processus administratif. Lourd et ennuyant.
En quoi cette expérience a-t-elle été inspirante?
Clairement, ce projet de mobilité m’a beaucoup ouvert l’esprit. On se découvre en sortant de sa zone de confort. Nous arrivons à mieux comprendre l’autre, mais aussi à mieux se comprendre soi-même. Mon travail me demande de faire des allers-retours entre la société européenne et le société africaine ; ce qui prend du temps et de l’énergie.
Constates-tu une évolution dans ce domaine?
Oui, des stéréotypes se déconstruisent, les mentalités changent et donc oui il y a certainement une évolution dans le bon sens.
Quels conseils donnerais-tu aux candidat·e·s au départ?
Sauter le pas ! Sortir de sa zone de confort pour se découvrir et s’enrichir personnellement.
Quels conseils pour l’UCLouvain en matière d’accueil des étudiants internationaux?
Je conseillerais de continuer dans cette ouverture d’esprit et d’accueillir les étudiant·e·s ou les scientifiques non pas en les isolant, mais en favorisant la mixité, ne fut-ce que dans les logements pour qu’il y ait vraiment cette intégration et cet échange entre tous les membres de la communauté.
LOUVAIN COOPÉRATION
Chaque année, Louvain Coopération, ONG universitaire, améliore les conditions de vie de milliers de personnes, en collaboration avec 140 partenaires locaux et en s'inscrivant dans des processus de long terme (3 à 10 ans). Louvain Coopération possède une expertise complémentaire en matière de sensibilisation au développement, d'agriculture durable, d'entrepreneuriat local, de soins de santé et d'accessibilité aux soins de santé.
Le 28 mars 2019,
Fiona présentait un talk au TEDxUCLouvain "Reshaping the globe".
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Fiona Nziza works for the NGO Louvain Coopération, where she is responsible for global and inclusive citizenship education. She builds the university community’s awareness of North-South relations.
What is global and inclusive citizenship education?
Global and inclusive citizenship education refers to educating students and the general university community in order to build their awareness of North-South relations. It’s really about deconstructing stereotypes.
Do you have experience abroad?
Before coming to France I was in my country, Burundi, then I studied for five years in France, then I came to Belgium for an internship and ended up being offered a contract. I’ve worked for five years at Louvain Coopération. My goals were mainly to discover another world and see what it’s like.
What were your first impressions when you arrived at UCLouvain?
The climate was different, of course, but so was the reception, it’s a completely different culture, which must be discovered and understood, and it takes time to understand society’s codes and how things work. There were quite a few cultural shocks but with time you learn to understand a society and that's what valuable.
How was this experience inspiring?
It has opened my mind so much, because it forces you to deal with other cultures, which is crucial to discovery and to getting out of your comfort zone. You begin to understand others and yourself. I find that exchange so valuable, and my work demands that I go back and forth between European society and African society.
Any advice for those considering going abroad?
I would advise anyone who wants to go abroad to take the leap, it's so rewarding. It’s by leaving our comfort zone that we learn and grow.