Sébastien Françoisse, Estimation des aires de faulde sur l'ensemble du territoire wallon par télédétection aérienne (LiDAR et orthophotographie), Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, Faculté des bioingénieurs, 2015. Promoteurs : P. Defourny et B. Hardy.
Du XVIe siècle au XIXe siècle, le charbon de bois a été le combustible dominant dans l’histoire de la sidérurgie wallonne. Il était utilisé pour la fusion du minerai de fer, l’affinage de la fonte mais aussi pour les verreries, les fours à chaux et les briqueteries. Pour alimenter ces industries en charbon de bois, des « charbonniers » utilisaient la technique de la meule forestière. Cette pratique est responsable de l’introduction locale de charbon de bois dans les sols sous forêt à l’époque préindustrielle.
Actuellement, les traces des anciens sites de carbonisation sont encore bien présentes en Wallonie. Les sites correspondant à l’emplacement des anciennes meules forestières sont appelées «aires de faulde». Dans les champs, les aires de faulde forment des taches noires visibles sur sol nu grâce aux images aériennes. En forêt, elles sont caractérisées par un micro-relief d’une dizaine de mètres de diamètre. Il n’existait jusqu’à présent pas d’outil pour visualiser les aires de faulde sous les forêts wallonnes.
Depuis février 2015, le Service Public de Wallonie a fait l’acquisition de données topographiques de haute résolution sur l’ensemble du territoire wallon. A travers ce mémoire, il a été possible d’utiliser ces données pour créer un modèle capable de détecter le micro-relief sous couvert forestier. Le secret si bien gardé des forêts concernant ces traces du passé est désormais dévoilé. Les aires de faulde sont maintenant visibles sur l’ensemble du territoire wallon.
390.000 aires de faulde sont estimées à l’échelle du territoire. 900.000 tonnes de carbone charbonnier sont séquestrées dans les sols, ce qui représente pratiquement un pourcent du stock de carbone organique des sols de Wallonie. Ces résultats soutiennent fermement l'idée que la majeure partie des ressources en bois ont été allouées à la production de charbon de bois à la fin du XVIIIe siècle. Non seulement ce travail a révélé les reliques de l’histoire préindustrielle de la Wallonie mais il a également permis d’estimer la quantité de carbone organique stocké à long terme dans les sols wallon.