Céline Delmotte - Sociologie du travail minier amazonien : mobilités andines, orpaillage et transformation des livelihoods ruraux au Pérou (1970-2017)

ESPO Louvain-La-Neuve, Mons

30 août 2021

16h

Louvain-la-Neuve

Socrate 242

Le Recteur de l'Université catholique de Louvain fait savoir que

Mme Céline Delmotte 

soutiendra publiquement sa dissertation pour l'obtention du titre de Docteur en Sciences politiques et sociales

« Sociologie du travail minier amazonien : mobilités andines, orpaillage et transformation des livelihoods ruraux au Pérou (1970-2017) ».

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Résumé 

En Amazonie péruvienne, les activités d’exploitation aurifère artisanale – également appelées « orpaillage » – restent très peu documentées et comprises, or celles-ci attirent depuis plusieurs décennies déjà, de nombreux travailleurs originaires des régions andines du pays. Exclu des principaux débats sur le développement, l’orpaillage souffre, au Pérou, de deux présupposés fondamentaux : ce secteur est blâmé, d’une part, pour ne produire aucune incidence sur le développement local des lieux d’origine des travailleurs andins, et d’autre part, pour s’ériger en l’un des plus grands producteurs d’exploitation et d’ « esclavage moderne » à travers le pays. L’objectif de ma thèse est de questionner et de déconstruire ces deux hypothèses, en vue de proposer une analyse approfondie des mécanismes sociaux, économiques, productifs et environnementaux à l’œuvre dans ce type d’activité.

En ce sens, mes deux questions principales d’investigation sont :

(1) De quelle manière les mobilités minières liées aux activités aurifères artisanales et à petite échelle réalisées en Amazonie péruvienne contribuent-elles, au Pérou, à la transformation des moyens d’existence ruraux et au développement local des Andes ?

(2) Est-il pertinent, dans le cas des activités aurifères artisanales en Amazonie péruvienne, de parler d’ « exploitation » et d’« esclavage moderne »?

Les mobilités andines de travail étant ce qui structure et alimente le secteur minier amazonien, notre prisme d’analyse principal pour la compréhension des activités d’orpaillage amazoniennes est une entrée par les études migratoires. Il est en effet question, dans cette thèse, de suivre le parcours de multiples travailleurs andins mobiles, qui partent de leur terre d’origine, circulent vers l’Amazonie pour s’adonner temporairement aux activités aurifères, pour ensuite revenir chez eux avec un « surplus minier » (Brugger et Zanetti, 2020), susceptible d’être réinvesti sur le lieu d’origine, participant à une transformation des moyens d’existence paysans, voire – dans certains cas – à des logiques de développement local en zones rurales.

Située à la croisée de plusieurs disciplines (sociologie du travail, études migratoires, géographie humaine et études de développement), notre recherche doctorale s’appuie sur une méthodologie et une collecte de données mixtes, mêlant démarches quantitatives et qualitatives, qui aboutirent à la construction de trois « générations sociales de circulation minière » (1970-1988, 1989-2004 et 2005-2017), correspondant chacune à des dynamiques de mobilité propres, à des régimes d’incorporation, de travail et de production distincts, ainsi qu’à des décisions de réinvestissement minier différenciés sur les lieux d’origine. En optant pour cette perspective historique et de temps long, notre travail cherche à proposer une sociologie originale des mobilités rurales andines et du travail minier artisanal amazonien, deux champs qui restent encore aujourd’hui très peu explorés dans le Pérou contemporain.

Membres du jury 

Professeure Fabienne Leloup (UCLouvain), promotrice
Professeure Isabel Yépez del Castillo (UCLouvain), promotrice et secrétaire du jury
Professeure An Ansoms (UCLouvain), comité d’accompagnement
Professeure Deborah Delgado Pugley (Pontificia Universidad Católica del Perú), comité d’accompagnement
Professeur Matthieu de Nanteuil (UCLouvain), président du jury
Professeur Anthony Bebbington (Clark University), évaluateur externe.

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