25 avril 2019

Le changement organisationnel en contexte digital
L’anticipation des effets des technologies digitales est sujette à de nombreuses controverses. Pour les uns, des menaces sérieuses pèsent sur l’emploi : près de la moitié des métiers actuels seraient soumis à court ou moyen terme à l’automatisation ; les métiers peu qualifiés seraient les plus touchés tandis que les nouveaux métiers en émergence exigeraient des compétences de plus en plus élevées, conduisant à une dualisation croissante du monde du travail en fonction des qualifications. Pour les autres, il faut plutôt parler de destruction créatrice : comme à d’autres périodes de l’histoire, les technologies digitales mèneraient à une création nette d’emplois. En outre, certains secteurs d’activité (comme les services de proximité) seraient largement épargnés. Ce type de controverse ne concerne pas seulement l’emploi, mais aussi l’organisation du travail et la qualité des services. Elle s’inscrit dans une vision déterministe de la technologie, dont la résurgence à l’heure de l’intelligence artificielle et de la robotique ne manque pas de frapper les analystes.
Dans le cadre de la Chaire Francqui, nous tenterons de nous éloigner d’une vision aussi mécaniste en soulignant les marges de manœuvre dont disposent les acteurs, les choix qu’ils opèrent, les compromis auxquels ils aboutissent au cours du processus de transformation digitale. On insistera sur le caractère inévitablement politique d’un tel processus. Nous serons attentifs à la diversité des trajectoires de changement, à leur réversibilité, aux multiples actions et réactions qui les sous-tendent et à leurs modalités de gestion.
A la suite de la leçon inaugurale, qui envisage le rôle de l’université dans l’accompagnement de la transformation digitale des entreprises, deux leçons aborderont les questions liées à l’émergence des nouvelles formes d’emploi: il s’agira notamment de réfléchir, de manière multidisciplinaire, aux spécificités des formes hybrides d’emploi (travail sur plateforme, crowdworking, travail « on call », etc.), à mi-chemin entre travail salarié et travail indépendant, ainsi qu’aux modalités d’action et de représentation collective les plus pertinentes qui les concernent. Les deux dernières leçons envisageront quant à elles les questions relatives aux nouvelles formes d’organisation du travail : on y abordera les diverses facettes de la conduite d’un projet de transformation digitale, en prêtant une attention particulière au secteur du journalisme.
Les inscriptions sont clôturées.
21 février - Leçon 3 : Les représentations collectives du travail en contexte digital
21 mars - Leçon 4 : Mutations technologiques et changement organisationnel
Argyris, C. (1970). Intervention Theory and Methods. A Behavioral Science View, Reading (Ma), Addison-Wesley.
Benghozi, P.-J. & Lyubareva I., (2014). When organizations in the cultural industries seek new business models: a case study of the French online press. International Journal of Arts Management, 16(3), 6-19.
Boyd, R. & Horton, R. (2017). Technology, innovation, employment, and power: does robotics and artificial intelligence really mean social transformation? Journal of Sociology, https://doi.org/10.1177/1440783317726591.
Fleming, P. (2017). The human capital hoax: work, debt and insecurity in the era of uberization. Organization Studies, 38(5) 691-709.
Gerards, R., de Grip, A. & Baudewijns C. (2018). Do new ways of working increase work engagement? Personnel Review, 47(2), 517-534.
Hirsch, J.M. & Seiner, J.A. (2018). A modern union for the modern economy, Fordham Law Review, 84(4), https://ir.lawnet.fordham.edu/flr/vol86/iss4/12.
Murray, G. (2017). Union renewal: what can we learn from three decades of research? Transfer: European Review of Labour and Research, 23(1):9–29.
Pichault, F. (2013), Gestion du changement. Vers un management polyphonique, Bruxelles : De Boeck, coll. « Manager RH ».
Sewell, G. & Taskin, L. (2015). Out of sight, out of mind in a new world of work? autonomy, control, and spatiotemporal scaling in telework. Organization Studies, 36(11), 1507-1529.
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Wynn, M. (2015). Organising freelancers: a hard case or a new opportunity? in Burke, A. (Ed.). The Handbook of Research on Freelancing and Self-Employment. Dublin, Ireland: Senate Hall Academic Publishing, 111-120
François PICHAULT, docteur en sociologie, est professeur titulaire à HEC-Liège/Université de Liège (Belgique). Il dirige depuis plus de trente ans, à l’Université de Liège, le LENTIC, un centre de recherche et d’intervention spécialisé dans l’étude des aspects humains et organisationnels des processus de changement et d’innovation. Depuis 2010, il est devenu le Président du Conseil Scientifique d’Entreprise et Personnel (Paris). Il a été chercheur invité dans de nombreuses universités étrangères. Il est impliqué dans diverses coopérations internationales en Afrique, en Europe de l’Est et en Asie. Il a rédigé de nombreuses publications en théorie des organisations et gestion des ressources humaines. Il est l’auteur ou le co-auteur d’une quinzaine d’ouvrages, de presque 60 chapitres d’ouvrage, de plus de 60 articles dans des journaux à comité de lecture. Il a supervisé 23 thèses de doctorat et a été rapporteur dans une quarantaine de jurys de doctorat et de HDR en Belgique et à l’étranger.
Ses principaux domaines d’étude sont les évolutions et rôles de la fonction RH, l’articulation entre politiques de GRH et stratégies d’entreprise, les nouvelles formes organisationnelles et leurs impacts sur le dialogue social, les nouvelles formes d’emploi et la gestion du changement dans les organisations aussi bien publiques que privées.
Il est actuellement titulaire du professorship Securex « Towards new opportunities for organisations, people & employment intermediaries in a changing labour market » (2017-2020). Il est également le coordinateur d’un important projet de recherche interuniversitaire dans le cadre du programme EOS sur le thème « Sustainable careers for project-based and dual-earner workers: a stakeholders perspective », avec l’Antwerp Management School et la Katholieke Universiteit Leuven (2018-2021).
Dernières publications :
· Fox, F. & Pichault, F. (2017), Au-delà des success stories, quel processus de libération ? Etude de cas au sein du secteur public belge, Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, vol.XXIII, n°56, été, pp. 87-107.
· Lorquet, N., Orianne, J.-F. & Pichault, F. (2018), Who takes care of nonstandard career paths? The role of labour market intermediaries, European Journal of Industrial Relations, vol.24, n°3, pp.279–295.
· Xhauflair, X., Huybrechts, B. & Pichault, F. (2018), How can new players establish themselves in highly institutionalized labour markets? A Belgian case study in the area of project-based work, British Journal of Industrial Relations, 56(2), June, 370-394.
· Pichault, F., Lorquet, N. & Orianne, J.F. (2018), Vers la fin de la gestion des carrières ? La GRH face au rôle croissant des intermédiaires du marché du travail, Relations industrielles/Industrial Relations, vol.73, n°1, pp.11-38.
· Semanza R., & Pichault F. (ed.) (2018). The Challenges of Self-Employment in Europe. Cheltenham, UK: Elgar Publishing (sous presse).