Olivier Jégou - Travailler, entre liberté et démocratie. Enquête sur l’imaginaire néomanagérial en entreprise

ESPO Louvain-La-Neuve, Mons

02 octobre 2023

14h

Louvain-la-Neuve

Auditoire DOYEN21

Le Recteur de l'Université catholique de Louvain fait savoir que

Olivier Jégou

soutiendra publiquement sa dissertation pour l'obtention du grade de Doctorat en sciences politiques et sociales

Travailler, entre liberté et démocratie. Enquête sur l’imaginaire néomanagérial en entreprise

Résumé

Depuis une quinzaine d’années, en Belgique francophone et en France, se diffuse une littérature managériale appelant les managers à renouveler leurs pratiques afin de « libérer » l’entreprise (Carney et Getz, 2009) ou de la « réinventer » (Laloux, 2014). Évitant habilement d’encourager l’adoption d’une nouvelle « one best way », ces écrits contribuent d’abord à la constitution d’un imaginaire alternatif à un management traditionnel et autoritaire. Cet imaginaire néomanagérial se concrétise, en entreprise, en l’expérimentation par le management de nouveaux et nombreux dispositifs visant à faire participer les travailleurs et les travailleuses à la gestion du travail. Cette liberté que ces dispositifs de management participatifs ouvrent se traduit pour les travailleurs et travailleuses (demos) en l’accroissement de leur pouvoir (cratos) de fixer les règles et nomes présidant à leur travail (Wilkinson et al., 2009). Dans cette conjonction spécifique, liberté et démocratie au travail se confondent. Les managers apparaissent dès lors comme des « acteurs » de la démocratisation du travail. Qu’en est-il ?

L’ambition de l’enquête est de prendre au sérieux le doute que suscite la littérature néomanagériale, l’imaginaire qu’il soutient et les actions des managers contemporains en matière de dispositifs de management participatif. Nous proposons de répondre à cette question en nous intéressant à l’expérience quotidienne du travail en entreprise, à ce qu’implique de travailler entre liberté et démocratie. Nous adoptons ainsi une voie moins fréquentée pour penser la démocratisation du travail. En effet, nous nous intéressons à la vie politique caractérisant l’expérience démocratique du travail (Ferreras, 2007) plutôt qu’aux seules institutions permettant un gouvernement démocratique du travail. Par ailleurs, la recherche s’intéresse aussi aux positions et stratégies qu’adoptent les syndicats, considérés comme des acteurs « traditionnels » de la démocratisation du travail, en lien avec l’adoption de ces dispositifs.

En décrivant cette expérience du travail à l’aide de l’approche par les capabilités (Sen, 1999), la thèse identifie différents manquements dans les expérimentations managériales qui empêchent une expérience réelle des libertés ouvertes par les dispositifs de management participatif. Sans nous limiter à une appréhension critique des démarches managériales, nous identifions une conséquence inattendue (Portes, 2000) de ces expérimentations. L’enquête de terrain nous permet de soutenir l’hypothèse que les dispositifs de management participatif développent la capabilité des travailleurs – soit les compétences, connaissances et représentations de soi– nécessaires au gouvernement et à la gestion d’une entreprise démocratique. Nous parlerons ainsi d’une capabilité à l’autogouvernement démocratique du travail. Autrement dit, si les dispositifs ne sont pas suffisants pour faire des travailleurs des citoyens démocratiques de leur entreprise, ils contribueraient à créer ou entretenir les conditions de possibilité d’une telle situation.

Membres du jury

Prof. Isabelle Ferreras (UCLouvain), co-promotrice, secrétaire du jury
Prof. Laurent Taskin (UCLouvain), co-promoteur
Prof. Patricia Vendramin (UCLouvain), présidente du jury
Prof. Isabelle Huault (EM Lyon), comité d’accompagnement
Prof. Vincent Pasquier (HEC Montréal), évaluateur externe
 

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