22 juin 2020
14h
Via Teams
Le Recteur de l'Université catholique de Louvain fait savoir que
M. Pierre-Yves WAUTHIER
soutiendra publiquement sa dissertation pour l'obtention du titre de Docteur en sciences Politiques et Sociales
« De la déconjugalisation du fait familial. Une ethnosociologie de parcours de vie familiale non monogames, en Europe francophone entre 2014 et 2018 ».
Abstract
The history of the family is one of changing family forms. Its evolution results from the interplay of shifting social and economic conditions, diverse and contested ideals, and the attempts of ordinary people to build their lives amid the constraints of their particular time and place. Within the last decades, the family landscape has become unclear, fragile and complex. While the conjugal union has been a core element of modern family life cycle, grounded observations show the purpose of the couple is being questioned. Relational scripts challenge the notion of family itself. Consequently, scholars are developing innovative ways of defining and analyzing the family and its diversification. In this work, the author analyses the life-courses of 35 parents who participated in heterodox and heterogeneous family configurations, deconjugalizing the implementation of anthropological (family) functions. The functions described and analyzed are the following: reproduction, the protection and socialization of children, the production of attachment bonds between adults, non-reproductive sexuality, and the residence. The comparative analysis highlights an ideological and material macro-social common ground involved in the diversity of these family forms. On this descriptive and analytical basis, the author develops two original thesis providing a new and original perspective on the change/continuity of family patterns. First, he distinguishes three operating regimes that implement family functions: conjugalized, intermediate and deconjugalized. The latter mobilizes a network while the first mobilizes a couple. The three regimes coexist in western societies, sometimes in the same kin group, because they are compatible to current macrosocial changes related to family functions. The second thesis highlights that most of these changes have recently been occurring faster than the pace of succession of generations (~30 years). Consequently, when the young adult experiences parenting, the family scripts integrated during primary socialization are partially obsolete. Individual reflexivity provides conditions for lifepaths diverging normative trajectories. These crossed phenomena might partly explain the current diversification of family forms and challenge the understanding of what a family is.
Résumé
L’histoire de la famille est celle de ses adaptations et de ses résistances au changement social. Les formes familiales résultent de l’entrecroisement de parcours individuels dans un ensemble de contraintes micro, méso et macrosociales, d’idéaux variés et contestés et d’évolutions socioéconomiques. La formation du couple a longtemps constitué un élément fondamental du cycle de la vie familiale, structurant un grand nombre de rapports sociaux. Ces 50 dernières années, en Europe francophone et au-delà, la relative déconjugalisation du fait familial a abouti à un paysage mouvant, fragile et complexe de configurations familiales. Conséquemment, les sciences sociales développent de nouvelles manières de concevoir et d’analyser le (non)couple et la (non)famille. Dans ce travail, l’auteur analyse le parcours de vie de 35 parents qui ont pris part à des configurations familiales hétérogènes et hétérodoxes, déconjugalisant plusieurs fonctions de la famille. Les fonctions décrites et analysées sont la reproduction, la protection & socialisation des enfants, la production de liens d’attachement entre adultes, la sexualité non reproductive et la résidence. L’analyse comparative permet une remontée en généralité qui met en évidence des conditions macrosociales communes à cette diversité. Sur base de cette analyse, l’auteur développe deux thèses originales qui portent un regard neuf sur la diversification-continuité du fait familial. Premièrement, il distingue trois régimes de réalisation des fonctions de la famille : conjugalisé, intermédiaire et déconjugalisé. Le dernier réalise en réseau ce que le premier réalise en binôme. Ces trois régimes coexistent dans la société, parfois au sein d’une même parentèle, mais toujours en compatibilité et en interaction avec l’environnement social et ses bouleversements idéels et matériels récents. La seconde thèse met en évidence que les changements macrosociaux concernant la réalisation du fait familial vont plus vite que la succession des générations (~30 ans). Ainsi, lorsque le jeune adulte se confronte à la parentalité, les scripts familiaux acquis durant sa socialisation primaire sont devenus partiellement inopérants. Cette confrontation conduit à une attitude réflexive, ce qui constitue un contexte propice à faire bifurquer les parcours individuels des trajectoires normatives. Pour le sociologue, c’est une invitation à interroger épistémologiquement les notions de couple et de famille.
Membres du jury
Professeur Christophe GIRAUD (CERLIS, Paris Descartes)
Professeur Pierre-Joseph LAURENT (UCLouvain)
Professeur Jacques MARQUET (UCLouvain), promoteur et secrétaire
Professeure Jacinthe MAZZOCCHETTI (UCLouvain)
Professeur Michel ORIS (UniGe), président du jury
Professeure Clémentine ROSSIER (UniGe)
Professeur Eric WIDMER (UniGe), co-directeur