Vincent Jacquet : Délibérer ou ne pas délibérer ? La (non-)participation dans les dispositifs délibératifs tirés au sort

Le Recteur de l'Université catholique de Louvain fait savoir que
Vincent JACQUET
soutiendra publiquement sa dissertation pour l'obtention du titre de
Docteur en sciences politiques et sociales

Délibérer ou ne pas délibérer ?
La (non-)participation dans les dispositifs délibératifs tirés au sort

Résumé : Un nombre croissant de théoriciens et d’acteurs soutiennent le développement d’une conception
participative et délibérative de la démocratie pour pallier aux malaises contemporains du gouvernement représentatif.
Cette tendance est marquée par le développement de dispositifs où des citoyens, recrutés suite à un processus de
tirage au sort, prennent part à une expérience de délibération publique. Les exemples les plus standardisés sont les
panels citoyens, les conférences de consensus et les sondages délibératifs, mais également les jurys d’assises qui ont
une histoire plus ancienne. L’usage du sort dans la sélection des participants est justifié par la volonté d’incarner un
idéal de participation égalitaire de la population et le désir d’augmenter la diversité des points de vue échangés dans la
délibération. Cependant, la majorité des citoyens refuse aujourd’hui de prendre part à ces dispositifs lorsqu’ils sont tirés
au sort. Nous proposons d’explorer cet enjeu en répondant à la question de recherche suivante : pourquoi certains
citoyens tirés au sort refusent et d’autres acceptent de participer à un dispositif délibératif ? Pour atteindre cet objectif,
nous avons développé une enquête qualitative basée sur la conduite et l’analyse de 88 entretiens avec des personnes
tirées au sort dans quatre dispositifs délibératifs : le Parlement Citoyen Climat, le jury d’assises, le G1000 et le G100. Les
résultats indiquent que la (non-)participation résulte de la perception des effets externes du dispositif, de l’attirance
pour la dynamique interne ainsi que de la conception que se font les citoyens de leur propre rôle et compétences dans
la sphère publique. Grace à l’identification de quatre profils de tirés au sort, nous montrons que l’acceptation et le refus
de prendre part dans ces dispositifs sont donc fondamentalement liés au rapport qu’entretiennent les citoyens au
politique.