Nous assistons aujourd’hui à un mouvement émergent de transnationalisation de la régulation de la sphère privée présentant des spécificités propres. Qu’il s’agisse des formes d’union reconnues, des déplacements illicites d’enfants ou encore de l’encadrement des violences conjugales, l’action (des juges, en particulier) doit en effet composer simultanément avec les frontières de la nation et de la sphère privée. Ce faisant, on observe une réticularisation et une procéduralisation des normes : d’un côté, la structure pyramidale et verticale du droit laisse progressivement place à une organisation horizontale transfrontière de praticiens constitués en réseaux, au premier titre desquels les juges ; de l’autre côté, les règles substantielles applicables a priori de manière universelle se voient progressivement supplantées par des standards de jugement aménageables en vertu des spécificités des droits nationaux, mais aussi des contextes particuliers des familles ou des justiciables impliqués. Nous posons l’hypothèse que cette régulation horizontale et procéduralisée s’appuie sur deux mécanismes clefs : la confiance et le dialogue. Cette après-midi d’études vise à appréhender ces deux voies majeures d’effectuation de la transnationalisation, à partir de deux problématiques centrées sur la figure du juge : d’une part, les enjeux empiriques et théoriques de l’organisation de la confiance « entre États » dans les cas d’enlèvements parentaux internationaux ; d’autre part, les ressorts du « dialogue des juges » concernant la reconnaissance du mariage pour tous. En définitive, l’objectif de ce colloque consiste à mieux saisir la place qu’occupent le dialogue et la confiance entre magistrats dans l’encadrement juridique de la sphère privée en contexte transnational.
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