Martin Vander Elst - Une archéologie critique de la race. Anthropologie de la négrophobie en Belgique à partir de deux réseaux problématiques...

ESPO Louvain-La-Neuve, Mons

26 février 2024

17h15

Louvain-la-Neuve

LECL93 - Salle du Conseil

Le Recteur de l'Université catholique de Louvain fait savoir que

Martin Vander Elst

soutiendra publiquement sa dissertation pour l'obtention du grade de Doctorat en sciences politiques et sociales

Une archéologie critique de la race. Anthropologie de la négrophobie en Belgique à partir de deux réseaux problématiques : un massacre et un pillage en 1884 au Tanganyika par un agent de l’A.I.A., tels qu’ils sont rapportés dans les archives, et deux blackfaces folkloriques, tels qu’ils ont eu lieu à Ath et Deux-Acren en 2018 et 2019.

Résumé

Cette thèse entend construire des données ethnographiques et archéologiques qui permettent de caractériser le type de colonialisme belge, comme cas singulier, et donc la forme particulière de son racisme, jusque dans les modalités de son folklore. Pour ce faire, l’enquête croise deux perspectives complémentaires qui rendent possible, dans leurs articulations, un empilement empirique : la première partie de l’enquête, qui se situe depuis l’intérieur des controverses post-coloniales posées par la question de la restitution du « patrimoine » colonial détenu dans les institutions belges (Musée royal de l’Afrique centrale, Institut royal des Sciences Naturelles, Laboratoire d’anthropologie et de génétique de l’ULB, Musée de l’Armée, etc.) traite des traces archivistiques laissées par un crime colonial commis au Tanganyika en 1884 ; la seconde partie de l’enquête se situe à l’intérieur des questions contemporaines posées par la problématique de la permanence post-coloniale du racisme culturel (Fanon, 1956), à partir d’une controverse ayant eu lieu quant à la perpétuation du blackface dans le cadre des Ducasses de Ath et de Deux-Acren, dans la province du Hainaut en Belgique.

Du point de vue archéologique (Foucault), nous avons repéré la migration dans le temps et dans l’espace d’un certain nombre de théories élaborées durant la seconde moitié du XIXe siècle dans le champ de l’anthropologie criminelle et de la philosophie pénale libérale et qui jouent encore aujourd'hui, jusqu’au cœur des procédures judiciaires, un rôle structurant dans la perpétuation du racisme en Belgique. Nous avons alors tenté, à partir des documents exhumés, de reconstituer les continuités (colonialité) depuis la restitution de différentes formes de la gouvernementalité coloniale (gouvernement indirect, gouvernement local, inculturation, politique de relégations, politique indigène, politique de coopération au développement, etc.). D’un point de vue ethnographique, nous avons tenté de restituer, de façon prospective, les mutations en cours, depuis une politique de « décolonisation » de matrice libérale, en prenant en compte leurs effets sur les formes de recompositions suprémacistes en cours.

Le concept de « nécropolitique » tel que formulé par Achille Mbembe (2006, 2018, 2020) et repris par Norman Ajari (2019, 2022), nous permet d’instruire la violence coloniale, non plus comme un accident, comme un élément extérieur, mais comme une violence qui instaure, informe, envahi et cannibalisme les modes de vie indigène, autant que les formes de subjectivité d’empire (blanchité, blanchiment). Le croisement des deux perspectives, engage in fine une ethnographie de l’image de soi dominante des Blancs telle qu’elle a été construite, entretenue, véhiculée et reformulée dans le temps long. La dimension critique de cette ethno-archéologie, depuis l’entrée en crise des modes coloniaux de gouvernementalité, advient comme un travail de désidentification et de désubjectivation éthique.

Membres du jury

Prof. Jacinthe Mazzocchetti (UCLouvain), promotrice, secrétaire du jury
Prof. Pierre-Joseph Laurent (UCLouvain), membre du comité d’accompagnement et président du jury
Dr. Nadia Fadil (KULeuven), membre du comité d’accompagnement
Prof. Fabienne Brion (UCLouvain), membre du comité d’accompagnement
Dr. Aymar Nyenyezi Bisoka (UMons), évaluateur externe

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