06 mars 2020
15h
Louvain-la-Neuve
LECL 93 (Salle du Conseil)
Le Recteur de l'Université catholique de Louvain fait savoir que
Monsieur Billy Kambala Luadia Tshikengela
soutiendra publiquement sa dissertation pour l'obtention du titre de Docteur en sciences Politiques et Sociales
« Systèmes traditionnels de gestion des ressources naturelles et Persistance des conflits autour des aires protégées de la RD Congo - Cas du parc National de la Salonga en territoire de Monkoto ».
Abstract
In the Democratic Republic of Congo, the hybrid system of land law does not favour a harmonious understanding between the political-administrative authorities, the Congolese Institute for the Conservation of Nature (CICN) and the forest populations who live near the protected areas. For some, the soil and subsoil belong to the State (according to the Bakajika law of 1973), for others, the forests are the heritage of their ancestors and it is up to the representatives of the customary power to manage them. The Salonga National Park (SNP) and its natural resources represent, for the local communities, a subsistence base to ensure their vital needs. However, it is perceived as an impediment to the subsistence and economic activities of the populations originating from the villages that were displaced at the time of its creation. Their forest and water heritage is inaccessible, because remained within the Park's boundaries. This has resulted in pitting the conservation sector, including CICN, against local communities in Monkoto.
Through an analysis of traditional natural resource management systems in Monkoto territory supported by a plural methodological approach, we have shown that, although the State is legally the holder of land and resources throughout the country, natural resource management bodies and different spaces remain monopolised by customary powers. Control over the exploitation of these resources is a matter for community regulation. Access to certain resources is reserved for certain social groups, and strategic resources are frequently under the exclusive control of clans and families. These traditional resource management systems are maintained through links with ancestral lands and the exercise of traditional rights over the forests and rivers around Salonga National Park.
Analysis of the conflicts around Salonga National Park reveals that the eviction of indigenous people and the alienation of their lands in favour of conservation; the location of the legal limit of the SNP and its physical demarcation by CICN, are at the root of the conflicts between the local communities of the displaced villages and CICN. While the process of exclusion, which goes hand in hand with the denial of traditional rights to the rivers and ponds remained within the Park, is creating a climate of tension, and a persistence of conflicts based mainly on issues of access to the rivers and ponds bordering and within Salonga National Park. All the results obtained in this case study have inspired a suggestion for the establishment of a collaborative management process for the fisheries resources of SNP, hence our proposal of the matrix of a multidimensional space for negotiation, between different fisheries stakeholders in the water bodies inside SNP, in Monkoto territory.
Résumé
En République Démocratique du Congo, le système hybride de droit foncier ne favorise pas une entente harmonieuse entre les autorités politico-administratives, l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et les populations forestières qui vivent en proximité des aires protégées. Pour les uns, le sol et le sous-sol appartiennent à l’État (selon la loi Bakajika de 1973), pour les autres, les forêts constituent l’héritage de leurs ancêtres et il appartient aux représentants du pouvoir coutumier de les gérer. Le Parc National de la Salonga (PNS) et ses ressources naturelles représentent, pour les communautés locales, une base de subsistance pour assurer leurs besoins vitaux. Cependant, il est perçu comme une entrave à la subsistance et aux activités économiques des populations originaires des villages déplacés lors de sa création. Leur patrimoine que sont les forêts et les eaux est inaccessible, car resté dans les limites du Parc. Ceci a eu pour résultat d’opposer le secteur de la conservation, et notamment l’ICCN, aux communautés locales de Monkoto.
A travers une analyse des systèmes traditionnels de gestion des ressources naturelles en territoire de Monkoto appuyée par une approche méthodologique plurielle, nous avons montré que, bien que l'État soit légalement le détenteur des terres et des ressources de tout le pays, les instances de gestion des ressources naturelles et différents espaces restent monopolisés par les pouvoirs coutumiers. Le contrôle de l’exploitation de ces ressources relève de la régulation communautaire. L’accès à certaines ressources est réservé à certains groupes sociaux et les ressources stratégiques sont fréquemment sous le contrôle exclusif de clans et familles. Ces systèmes traditionnels de gestion des ressources se maintiennent grâce aux liens avec les terres ancestrales et à l’exercice des droits traditionnels sur les forêts et rivières autour du Parc National de la Salonga.
L’analyse des conflits autour du Parc National de la Salonga révèle que l’éviction des populations indigènes et l’aliénation de leurs terres en faveur de la conservation, la localisation de la limite légale du parc et sa démarcation physique par l’ICCN seul, sont à la base des conflits qui opposent ce dernier aux communautés locales des villages déplacés. Tandis que le processus d’exclusion qui va de pair avec les négations des droits traditionnels sur les rivières et étangs restés à l’intérieur du Parc, engendre un climat de tensions, et une persistance des conflits reposant majoritairement sur des questions d’accès aux rivières et étangs se trouvant en bordure et à l’intérieur du Parc. L’ensemble des résultats obtenus dans cette étude de cas ont inspiré une suggestion pour la mise en place d’un processus de gestion collaborative des ressources halieutiques du PNS, d’où notre proposition de la matrice d’un espace multidimensionnel de négociation entre différents acteurs de pêche dans les plans d’eau à l’intérieur du PNS, en territoire de Monkoto.
Membres du jury
Professeur Pierre-Joseph LAURENT (UCLouvain), promoteur et secrétaire
Professeure An AMSONS (UCLouvain)
Professeur Etienne VERHAEGEN (UCLouvain)
Professeur Constantin KAKESE KUNYIMA BUZUDI (Université de Kinshasa, RD Congo)
Professeur Thierry AMOUGOU (UCLouvain)
Professeur Vincent LEGRAND, président du jury