Pudens Malibabo Lavu - Récit environnemental et construction des modèles culturels dans la presse écrite de Kinshasa (RDC)

ESPO Louvain-La-Neuve, Mons

18 novembre 2020

16h00

Le Recteur de l'Université catholique de Louvain fait savoir que

Mr Pudens Malibabo Lavu

soutiendra publiquement sa dissertation pour l'obtention du titre de Docteur en Information et Communication

« Récit environnemental et construction des modèles culturels dans la presse écrite de Kinshasa (RDC) »

Résumé 

Comment les modèles culturels des journalistes relatifs aux effets écologiques de l’habitat humain (déchets, pollutions, érosions, etc.) se présentent comme des entités potentiellement agissantes et dynamiques, à travers les éco-reportages dédiés à ces effets et les propos des journalistes eux-mêmes sur les conditions de production de ces éco-reportages ? Telle est la question fondamentale de la présente thèse. Pour y répondre, l’étude inscrit le triptyque « journaliste – modèle culturel – texte » au cœur de l’analyse de la configuration du sens des discours journalistiques sur les constructions anarchiques, les déchaînements des phénomènes de la Nature (pluies diluviennes, inondations, érosions et sécheresse) et les pollutions (sonore, du sol, de l’air et des eaux). De là, elle procède par une triple analyse, sémantique, structurale et narrative, d’un corpus de trois-cent-trente-cinq éco-reportages de 2011 et de 2016, et de vingt-huit heures et demie d’entretiens semi-directifs réalisés avec vingt-quatre journalistes en fin 2016 - début 2017 sur les conditions sociales et professionnelles de production de ces reportages. Au terme de la triple exploration de ce corpus, le triptyque « population – pouvoirs publics – journaliste » s’est révélé comme le nœud de la compréhension des modèles culturels en question. L’étude parvient à démontrer que ces modèles culturels impliquent un double jeu d’omission de certaines causes anthropiques et de certains effets de la dégradation de l’habitat humain. Ils sont stables et durables entre 2011, 2016 et 2017. Le journaliste les a assimilés entre autres auprès de ses parents et durant son cursus scolaire et académique. Ils sont de l’ordre « des contraintes ou des potentialités qui s’ancrent dans le système d’action – familial, amical ou professionnel – dans lequel [le journaliste est engagé] » (Alami, et. al., 2009 : 14). Ces contraintes et potentialités sont bien présentes dans les expériences personnelles et professionnelles du journaliste avec l’environnement, lesquelles expériences comportent les raisons d’écriture d’informations journalistiques analysées. Liés à ces expériences et sous-jacents à ces informations, les modèles culturels identifiés dans cette étude sont fortement dysfonctionnels, étant donné qu’ils impliquent davantage des facteurs qui ne servent pas à l’assainissement de l’habitat humain. Mais, entretemps, ils tendent faiblement à mobiliser certaines actions individuelles et collectives qui assurent la salubrité publique. De ce fait, par rapport à la population, qui est directement touchée par le problème d’assainissement urbain et se démène parfois à sa manière pour s’en sortir, et les pouvoir publics, qui sont censés y remédier de façon efficace et durable, le journaliste s’auto-définit comme un veilleur-lanceur d’alerte en assainissement urbain. Dans cette position, il se présente comme n’ayant qu’un seul objectif : éveiller les consciences pour que l’environnement soit assaini des constructions anarchiques, des déchets, des inondations, des érosions et des pollutions.

Abstract

How do the cultural models of journalists relating to the ecological effects of human habitat (waste, pollution, erosion, etc.) present themselves as potentially active and dynamic entities, through the eco-reports dedicated to these effects and the comments of the journalists themselves on the conditions of production of these eco-reports? This is the fundamental question of this thesis. To answer it, the study places the triptych "journalist - cultural model - text" at the heart of the analysis of the configuration of the meaning of journalistic discourse on anarchic constructions, the unleashing of natural phenomena (heavy rains, floods, erosion and drought) and pollution (noise, soil, air and water). From there, it proceeds with a triple analysis, semantic, structural and narrative, of a corpus of three hundred and thirty-five eco-reports from 2011 and 2016, and twenty-eight and a half hours of semi-directive interviews conducted with twenty-four journalists in late 2016 - early 2017 on the social and professional conditions of production of these reports. At the end of the triple exploration of this corpus, the triptych "population - public authorities - journalist" emerged as the key to understanding the cultural models in question. The study succeeded in demonstrating that these cultural models imply a double game of omission of certain anthropic causes and certain effects of the degradation of the human habitat. They are stable and sustainable between 2011, 2016 and 2017. The journalist has assimilated them among others with his parents and during his school and academic curriculum. They are of the order of "constraints or potentialities that are anchored in the system of action - family, friends or professional - in which [the journalist is involved]" (Alami, et. al., 2009: 14). These constraints and potentialities are present in the journalist's personal and professional experiences with the environment, which include the reasons for writing the journalistic information being analyzed. Linked to these experiences and underlying this information, the cultural models identified in this study are highly dysfunctional, since they involve more factors that do not serve to sanitize the human habitat. But, in the meantime, they have a weak tendency to mobilize certain individual and collective actions that ensure public health. As a result, in relation to the population, which is directly affected by the urban sanitation problem and sometimes struggles in its own way to get out of it, and the public authorities, which are supposed to remedy it in an effective and sustainable way, the journalist defines himself as an urban sanitation watchdog. In this position, he has only one goal: to raise awareness so that the environment is cleaned up from anarchic constructions, waste, floods, erosion and pollution.

Membres du jury 

Professeur Andrea Catellani (UCLouvain, Belgique), co-promoteur et secrétaire
Professeur émérite Philippe Marion (UCLouvain, Belgique), co-promoteur
Professeur émérite Marc Lits (UCLouvain, Belgique), président du jury
Maître de conférences Béatrice Jalenques-Vigouroux (INSA Toulouse, France), membre
Maître de conférences Marie Fierens (ULB, Belgique), membre