RAPPORT
Comment vous décririez-vous ?
Béatrice Liénard : Je suis cinéaste de formation mais je préfère d’abord me définir comme une femme et une citoyenne. Le champ de mon intervention artistique ne se résume pas au cinéma. Suivant les situations que je croise, qui m’animent et qui m’inspirent, je peux passer d’un médium à l’autre. Je mets en scène au théâtre, je suis auteure de pièces radiophoniques et d’installations vidéo. Mes médias principaux sont l’image et le son.
Pourquoi avoir accepté d’être artiste en résidence à l’UCLouvain?
Je suis quelqu’un qui vit entre les ‘zones’, qui passe d'un univers à un autre, qui multiplie les rencontres. Parce que je suis une artiste engagée et que – c’est presque une vocation familiale – j’aime transmettre. J’ai une expérience pédagogique assez longue à l’IAD (Institut des arts de diffusion) et dans des institutions françaises. J’ai le désir de pouvoir ouvrir des portes là où on ne s’y attend pas.
Travailler avec des jeunes, et plus particulièrement des étudiant.es, c’est important ?
J’aime profondément la diversité. Ce qui compte pour moi, c'est l'enthousiasme et la passion. Je pense que l'expérience que la vie propose est une source inépuisable de savoirs. Encore faut-il pouvoir sortir de ses zones de confort et oser sauter dans l'inconnu. Être artiste associée à l'université, c'est en tout cas oser changer de cadre et croire en la richesse des étudiants qui viennent d'horizons différents.
Pourquoi avoir choisi la crise migratoire comme thème de résidence ?
Pour être claire, ce n'est pas une crise migratoire que nous traversons mais bien une crise politique. Depuis plus de 15 ans, je travaille avec des personnes en exil et les questions qu'elles me renvoient sont une source d'inspiration, une source de création. Ma candidature comme artiste en résidence a été déposée par la faculté de droit de l’UCLouvain et plus particulièrement par l’Équipe droits européens et migrations (EDEM) qui interagit avec mes processus de création depuis des années. Nous avons une longue histoire ensemble qui a débordé le cadre de l’université.
Quel rapport entre une faculté de droit et une artiste ? La compréhension du droit vient aussi par cet exercice de ‘se mettre à la place de’. Les réalités géopolitiques ne sont pas que des chiffres, elles sont surtout des expériences de vie. Les artistes, les universitaires et les chercheurs qui osent ce déplacement ouvrent des champs de réflexion nouveaux pour le droit, l’anthropologie, la philosophie ou les sciences politiques.