Les troubles de la santé mentale (TSM) et les troubles du spectre de l’autisme (TSA) chez les étudiant·es étaient au centre d’une journée d’étude* organisée à Louvain-la-Neuve le 25 mars 2019. L’occasion de revenir sur le dispositif mis en place à l’UCLouvain pour encadrer les étudiant·es à besoins spécifiques.
En 2011, l’UCLouvain créait un statut spécifique pour les étudiant·es à besoins spécifiques, sportif·ives de haut niveau, artistes, entrepreneur·es et porteur·euses de handicaps, de troubles ou de maladies (HTM). L’objectif de ce statut appelé PEPS était de réduire, voire de supprimer, les obstacles se dressant sur le parcours de ces étudiant·es afin de leur permettre de suivre leurs études avec les mêmes chances de réussite que les autres.
Pour les PEPS HTM, cette mission a encore été renforcée depuis l’entrée en vigueur en 2014 du décret relatif à l’enseignement supérieur inclusif. Ce dernier exige des universités et des hautes écoles un enseignement « qui mette en œuvre des dispositifs visant à supprimer ou à réduire les barrières matérielles, pédagogiques, culturelles, sociales et psychologiques rencontrées lors de l’accès aux études, au cours des études dans le cadre de ses activités d’apprentissage et lors des évaluations qui y sont associées … ». Le décret précise que 5 % des subsides sociaux accordés aux établissements d’enseignement supérieur doivent être consacrés à sa mise en application.
Des aménagements pour chaque situation
Comment encadre-t-on des étudiant·es porteur·euses de troubles aussi différents que la dyslexie, l’autisme, les troubles de l’attention, les troubles de santé mentale ou une maladie grave ? A l’UClouvain, c’est la tâche des sept accompagnateur·trices pédagogiques qui composent l’équipe PEPS’In rattachée au Service d’aide de l’université. Se partageant les 14 facultés de l’UCLouvain, ils·elles rencontrent chaque étudiant·e ayant obtenu le statut pour mettre en place un plan d’accompagnement individualisé (PAI).
« Le type d’aménagements envisagés est à géométrie variable en fonction des besoins », explique Murielle Sack, coordinatrice de l’équipe. « Engagement d’étudiant·es preneur·euses de notes, accompagnement pédagogique par le biais de moyens techniques adaptés, accessibilité facilitée aux lieux d’enseignement, temps supplémentaire lors des examens, permission de sorties régulières durant les cours, local privatif, casque anti-bruit, sollicitation d’un examen oral plutôt qu’écrit, logement adapté, …, les possibilités d’aménagements sont nombreuses. »
La mise en œuvre de ces aménagements nécessite donc des moyens considérables. Et ce d’autant plus que le nombre d’étudiant·es à besoins spécifiques a connu une forte croissance ces dernières années : de 90 en 2011, ils·elles sont passé·es à 470 en 2019. Une hausse qui s’explique par l’application du décret et une meilleure connaissance du statut, mais aussi par un dialogue sociétal plus ouvert autour de la santé mentale et des troubles « invisibles ».
L’appui et la collaboration des facultés est donc indispensable dans l’encadrement de ces étudiant·es. Certaines d’entre elles ont d’ailleurs désigné un référent PEPS facultaire, qui assure le relais entre le service d’aide et les membres de la faculté concernés.
Elargir notre rapport à la différence
La mise en application du décret nécessite aussi de sensibiliser la communauté universitaire dans son ensemble sur les besoins des étudiant·es PEPS HTM. Il faut aussi de mener avec elle une réflexion sur des aménagements universels, c’est-à-dire bénéfiques pour tou·tes les étudiant·es. « Nous devons élargir notre rapport à la différence en prenant en compte les caractéristiques de tous·tes ceux qui composent nos salles de cours, souligne Murielle Sack. L’auditoire doit s’appréhender comme un lieu où se côtoient autant de différences qu’il y a d’étudiant·es : des étudiant·es en situation de handicap, des étudiant·es adultes en reprises d’études, des étudiant·es dont la langue maternelle n’est pas le français, des étudiant·es parents, des étudiant·es artistes ou sportif·ives de haut niveau, ... Bref, la diversité remplace l’homogénéité. Dans une telle perspective, réagir au coup par coup devient impossible tant la diversité est grande. Notre véritable défi à relever est donc désormais de rendre les structures d’enseignements supérieures et universitaires plus inclusives. »
*La journée était organisée par le Pôle Louvain. Des vidéos des interventions sont consultables sur le site web www.polelouvain.be