Le 1er octobre 2018, Ingrid Falque, chercheuse à l’INCAL (Institut des civilisations, arts et lettres), rejoindra officiellement la grande famille des « Chercheurs Qualifiés FNRS ». Passionnée par l’art des primitifs flamands depuis ses premières heures de cours à l’Université de Liège, cette historienne de l’art a aujourd’hui fait de sa passion un métier. Très tôt, Ingrid Falque se rend compte que son avenir ne se trouve pas dans le journalisme culturel, - comme elle en avait rêvé plus jeune -, mais dans la recherche. En début de carrière, cette Liégeoise pure souche voyage entre l’Université de Liège (pour sa thèse consacrée au portrait dévotionnel dans la peinture flamande des XVème et XVIème siècles), l’Université de Leiden aux Pays-Bas (pour un premier post-doctorat dédié à la théorie de l’image du mystique Henri Suso), l’Université catholique de Louvain et l’Université de Namur (pour un second post-doctorat à propos du rôle des images dans les processus de réforme spirituelle des abbayes bénédictines). A partir de cette année, son fief en tant que Chercheuse Qualifiée FNRS sera l’Université catholique de Louvain et en particulier l’INCAL où elle travaillera au sein du GEMCA (Groupe d’Analyse Culturelle de la Première Modernité).
Des recherches interdisciplinaires
L’objet d’étude d’Ingrid Falque a quelque chose d’unique puisqu’il se situe aux confins de plusieurs disciplines des sciences humaines : entre l’art, la littérature, la philosophie et la théologie. Plus globalement, la chercheuse dit étudier « l’histoire culturelle ». Au cœur de ses recherches, une question est omniprésente : Comment se servait-on des images dans les pratiques spirituelles de la fin du Moyen Âge au Nord de l’Europe ? D’après l’historienne de l’art, pour répondre à cette question, il ne suffit pas d’étudier les œuvres d’art elles-mêmes, mais il faut également se pencher sur la littérature spirituelle de l’époque. Depuis quelques années, son quotidien consiste donc à confronter les textes aux images de la fin du Moyen Âge pour mieux comprendre le contexte philosophico-religieux et tenter de répondre à la question initiale. Actuellement, Ingrid Falque a déjà des pistes de réponse à celle-ci. Pour la chercheuse, contrairement à ce que l’on pense, les images sont des outils de connaissance de Dieu, au même titre que les textes. Souvent, on oppose les images de l’époque qui susciteraient l’émotion aux textes spirituels qui apportent la connaissance. Et pourtant, d’après l’historienne de l’art, les images elles aussi ont une dimension cognitive. Lors de son mandat de Chercheuse Qualifiée, c’est précisément cette piste qu’Ingrid Falque compte explorer avec un objectif : mieux comprendre l’articulation entre les dimensions cognitive et affective des images dans les pratiques religieuses de l’époque.
Une chercheuse curieuse et engagée
A côté de ce métier tourné vers le passé, Ingrid Falque est une femme ancrée dans son temps. Depuis trois ans, elle s’implique activement dans une cause qui lui tient très à cœur : les questions humaines liées à la politique migratoire européenne. En tant que membre du Comité de soutien du collectif La Voix des Sans-Papiers de Liège, Ingrid Falque dispense une fois par semaine des cours de soutien scolaire en néerlandais auprès d’adolescents de l’association. Elle retourne à chaque fois à sa passion, l’histoire de l’art, en se répétant combien elle a eu de la chance de naître en Europe, de suivre ses études et de travailler aujourd’hui en toute liberté dans un domaine qui la passionne. Pour cette Liégeoise engagée, un bon chercheur est un chercheur curieux. Or Ingrid Falque avoue vouloir pousser toujours plus loin travaux de recherche. Voilà sans doute une force qui lui permettra d’aller plus loin, toujours plus loin, et de remettre en question chaque trouvaille pour en dévoiler d’autres encore.
Lauranne Garitte