Et demain, comment sera notre travail ?

Espaces de coworking, télétravail, robotisation, digitalisation, individualisation… Aujourd’hui, le monde du travail se métamorphose. Convaincus que ces changements et leurs effets en matière de santé, de rapport au travail et d’espaces p.ex. valent la peine d’être étudiés, 6 chercheurs de l’UCLouvain ont créé Louvain4Work, un consortium de recherche transdisciplinaire sur les transformations complexes du travail. Inauguration du projet ce 17 octobre 2019.

Connaissez-vous les “Louvain4” ? Il s’agit d’une initiative de recherche transversale, lancée par l’UCLouvain, qui entend répondre aux défis humains et environnementaux auxquels est et sera confrontée notre société. L’UCLouvain invite des chercheurs de disciplines différentes à se rassembler autour d’un même enjeu sociétal afin d’apporter des réponses concrètes aux grandes problématiques de notre époque. Le 10ème Louvain4, consacré au monde du travail (Louvain4Work), a été lancé ce 17 octobre 2019.

De l’hyperspécialisation à la transdisciplinarité

“Aujourd’hui, la tendance du monde scientifique est à l’hyperspécialisation”, note le professeur Laurent Taskin, initiateur et porte-parole de Louvain4Work. “Les scientifiques se lancent dans des recherches de plus en plus pointues.” Avec le projet Louvain4, l’UCLouvain invite ses chercheurs à valoriser leurs connaissances en relevant, avec d’autres confrères, certains défis sociétaux (la nutrition, le vieillissement, les villes, l’éducation, l’évolution, l’énergie, l’eau, le spatial, les migrations…). En gommant les frontières entre les disciplines, de nouvelles collaborations, idées, débats et même connaissances devraient émerger. Telle est la force de la transdisciplinarité. “C’est un réel effort d’aller l’un vers l’autre et de construire un langage commun, mais c’est en entremêlant ces points de vue que l’on accède à une véritable connaissance scientifique de ce type d’enjeux”, commente le docteur en sciences économiques et de gestion.

Louvain4Work: 3 paires de lunettes pour comprendre le travail

Le travail est structurant. D’un point de vue macro-économique, il finance les allocations sociales, les services au public, etc. Il contribue à l’identité de chacun et de chacune. Or, ces dernières décennies, le travail s’est reconfiguré à très grande vitesse. Avec lui, nos identités changent. De nouvelles formes de construction de l’entreprise apparaissent. Les questions de la diversité (de culte, d’âge, de sexe), de la technologie ou de l’aménagement sont omniprésente dans la sphère professionnelle. Bref, des enjeux tout à fait neufs liés au travail voient le jour. C’est de ces constats que partent les académiques fondateurs et membres du comité scientifique Louvain4Work venant des 3 grands secteurs de l’université :

• Les sciences humaines : Laurent Taskin (sciences économique et de gestion), Laura Merla (sociologie), Filip Dorssemont (droit)
• Les sciences de la santé : Dominique Lison (toxicologie) et Bénédicte Schepens (ergonomie)
• Les sciences et technologies : Yves Deville (ingéniérie), Sergio Altomonte (architecture), Yves Hanin (architecture)

Ce groupe de chercheurs compte se nourrir des méthodologies et perspectives des uns et des autres afin de réunir et d’animer une communauté de recherche pluridisciplinaire à même de construire un savoir nouveau. “Grâce aux expertises de chacun, nous allons mettre 3 paires de lunettes différentes et envisager la problématique du travail en 3D”, se réjouit Laurent Taskin.

Une double responsabilité

La recherche et la création de connaissances ne sont pas les seuls objectifs de Louvain4Work. “En tant qu’université, notre métier consiste à former les travailleurs de demain. Nous avons une responsabilité par rapport à ce public. Par ailleurs, l’UCLouvain est aussi un employeur. Dès le départ, la volonté du Comité Scientifique a été de questionner le travail au sein de l’université. Des séminaires consacrés à des éléments de la politique du personnel tels que les espaces de travail ou le bien-être seront organisés. Grâce à Louvain4Work, nous voulons être acteurs de l’organisation du travail de demain à l’UCLouvain.”

Trois axes de travail

Pour atteindre ces honorables objectifs, nos 8 chercheurs se sont déjà rencontrés et ont commencé à construire un langage commun. De ces rencontres sont déjà ressortis les 3 axes de travail sur lesquels ils aimeraient travailler :

• La porosité des frontières du travail (sphère privée-professionnelle, le temps consacré au travail)
• La transformation des lieux de travail (mobilité, espaces de travail distribués)
• La constitution des nouvelles communautés de travail (équipes de travail qui ne se voient plus, nouvelles communautés, notamment virtuelles, qui se créent...)

Ce 17 octobre, ces 3 axes ont été présentés aux chercheurs de l'UCLouvain souhaitant faire partie du Louvain4Work. Ils permettront notamment de constituer des groupes de travail thématiques.

Comment travailler sur le travail ?

Le projet Louvain4Work devrait se dérouler de différentes façons dans les mois et années à venir :

• Des activités seront organisées par et pour les membres du Louvain4Work (ce 17 octobre, puis deux séminaires par an pour rassembler la communauté)
• Chaque axe de travail va vivre par lui-même, dès que les groupes d’expertise vont se rassembler. Ces groupes vont avancer de leur côté via des séminaires, des conférences, des réunions, etc.
• Les 6 membres fondateurs vont travailler sur ce que fait l’UCLouvain pour le travail, afin de questionner la manière donc le travail est organisé et géré au sein de l’université.

“Dans 24 mois, grâce à cette mise en relation que Louvain4Work permet, l’ambition est d’aller chercher des contrats de recherche ou de soumettre des projets de recherche transdisciplinaires. Ce sont des projets qui ne pourraient pas voir le jour sans cette mise en commun de connaissances disciplinaires”, ajoute Laurent Taskin.

Les 6 chercheurs ont créé ensemble ce groupe de recherche de manière volontaire. Le 17 octobre 2019, tous les membres de l’UCLouvain ont été invités à venir se rencontrer s’ils ont un intérêt pour la thématique. Des ateliers ont été organisés afin que chacun puisse exprimer ses réflexions et son expertise. La suite du projet dépendra des disponibilités et des expertises de chacun. “Au sein du comité scientifique, il y a déjà une émulation très stimulante car nous sommes passionnés, bénévoles et guidés par une double certitude : cela fait sens d’étudier cette problématique et nous sommes responsables d’apporter des réponses à la question du travail. Plus nous serons, plus nous produirons de connaissances transdisciplinaires à ce sujet”, conclut Laurent Taskin.

Coup d’œil sur la bio de Laurent Taskin