In memoriam Pierre Debelle

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                          In Memoriam Pierre Debelle (17 mars 1931 – 26 février 2021)

Pierre Debelle faisait partie des premières promotions des licenciés en éducation physique (1953), diplômés de l’IEP à Leuven. Il représenta l’Institut et l’Université aussi bien dans l’équipe universitaire d’athlétisme (perche) que dans l’équipe de gymnastique d’élite du professeur Bottu.

Il enseigna d’abord à l’IAD où il se passionna pour la rythmique d’Emile Jaques-Dalcroze.

Lorsque la KUL et l’UCL se séparèrent, la section francophone de l’IEP eut besoin d’un « préfet ». Ce personnage de la plus haute importance dirigeait alors le service administratif. Le professeur P.P. De Nayer, directeur fondateur de l’IEP, engagea Pierre Debelle qui devint en quelque sorte son bras droit francophone. Plus tard, il lui confia l’enseignement de la rythmique aux éducateurs physiques.

Lorsqu’en 1971, Pierre Swalus composa son équipe, devenue plus tard « unité d’éducation par le mouvement », il y accueillit Pierre Debelle. Celui-ci entama une thèse de doctorat pour étudier empiriquement les phénomènes rythmiques, déterminants dans l’apprentissage moteur. Il conçut des dispositifs expérimentaux novateurs, en s’inspirant du cadre théorique du psychologue Paul Fraisse. Plusieurs mémoires de licence ont abouti, mais sa thèse est restée en suspens…

En effet, deux nouvelles orientations accaparèrent Pierre Debelle. D’abord, il s’intéressa de près aux travaux de Rudolf von Laban qui avait mis au point un système d’analyse et de développement des fondamentaux du mouvement humain. Un important courant de danse moderne s’en inspira. Ainsi, Pierre Debelle établit des contacts étroits avec la Laban School of Liverpool, où il emmena des groupes d’étudiants en stage, une sorte d’Erasmus avant la lettre. Durant plusieurs années, une professeure de Liverpool, Miss O. Carr vint à Leuven pour enseigner la danse moderne avec un immense succès, un peu comme une artiste en résidence, formule pratiquée désormais depuis plus de dix ans à l’UCLouvain.

La seconde découverte marquante de Pierre Debelle fut l’Eutonie de Gerda Alexander. Il s’y forma intensément lors de stages internationaux itinérants. Puis, il suivit le cursus complet à Copenhagen qui le conduisit au diplôme de thérapeute. En Belgique, il fonda l’Association belge d’Eutonie Gerda Alexander (ABEGA) avec deux anciens de l’IEP, Albert Liégeois et Yves Pierre. A l’IEPR, il ne laissa personne indifférent, par son enseignement totalement imprégné de cette méthode destinée à rééquilibrer le tonus musculaire, à permettre l’amplitude optimale des articulations et à distinguer le toucher du contact et du prolongement. A sa façon, Pierre Debelle était un véritable fondamentaliste, qui a apporté énormément à la formation des éducateurs physiques et des kinésithérapeutes. Au-delà de son expertise en Eutonie, il maîtrisait les principales techniques de relaxation. De la sorte, il était un précurseur par rapport à l’engouement actuel pour les gymnastiques douces destinées réduire le stress, procurer du mieux-être, optimiser la récupération des sportifs et contribuer au soulagement de multiples pathologies. Cependant, il n’hésitait pas à emprunter des voies parfois ésotériques, suscitant des débats passionnés et des critiques intenses de la part de ses pairs.

 

Ghislain Carlier, avec la complicité de Pierre Swalus et de Jean-Pierre Renard

Publié le 12 mars 2021