Prosopo/Graphie

CHDJ Louvain-La-Neuve

La magistrature belge joue, depuis toujours, un rôle essentiel dans la vie politique et sociale du pays. Malgré ce rôle prépondérant, peu d'études historiques ont porté sur ce groupe socioprofessionnel dont les membres composent pourtant, à l'instar des parlementaires ou des ministres, un pouvoir constitué.

Le projet « Prosopographie des magistrats » ambitionne de pallier cette carence en rassemblant de multiples données biographiques sur ce groupe socioprofessionnel : données personnelles, socioprofessionnelles, politiques, relationnelles, intellectuelles, et bien d'autres encore. Tel est en effet le but de toute recherche « prosopographique ».

Afin de rendre aisément accessibles ces informations, elles ont été encodées dans une base de données, puissant outil de recherche et de visualisation, permettant notamment de ne parcourir qu'une partie des données recueillies, en fonction de critères choisis. On peut ainsi accéder au profil d'un individu, à sa carrière et à ses relations, mais aussi au profil d'une juridiction, à sa composition et à son histoire. Il est possible de visualiser l'ensemble des tribunaux et des magistrats en fonction à telle date donnée ou certains d'entre eux (approche synchronique), et aussi de suivre, sur telle période choisie, l'évolution de tel type de tribunal ou de magistrat (approche diachronique). Créée spécialement pour ces données judiciaires, la base évolue suivant les besoins de l'encodage et elle est transposable à d'autres données prosopographiques ainsi qu'à d'autres corps et univers sociaux.

Dans un premier temps ont été intégrés les magistrats métropolitains des juridictions civiles et pénales, entre 1830 et 1914. Les renouvellements successifs du projet ont permis d'en étendre la portée. En amont, l'élargissement s'est appuyé sur les données recueillies par le regretté Jacques Logie, dans le cadre de sa thèse de Doctorat défendue à Paris, sur les magistrats belges sous la Révolution et l'Empire. Pour les XIXe et XXe siècles, les nouvelles juridictions intégrées, ainsi que leur personnel, sont la cour de cassation, les justices de paix, les tribunaux pour enfants et les tribunaux militaires. Depuis 2011, le projet est centré sur les juridictions ultramarines (Congo,Ruanda-Urundi).

Entrepris en 2005, dans le cadre d'une histoire intégrée de la Justice, par l'Université Catholique de Louvain (UCL), les Facultés Universitaires Notre Dame de la Paix à Namur (FUNDP) et les Facultés Universitaires Saint-Louis de Bruxelles (FUSL), le projet repose depuis 2011 sur un partenariat entre l'UCL et les FUNDP. Subsidié par le Fonds de la Recherche Fondamentale Collective (FRFC), il bénéficie aussi du soutien du FNRS, ce qui a permis d'engager plusieurs informaticiens et chercheurs en Histoire, au service de l'amélioration de la base, de son alimentation, et de sa valorisation scientifique. Le projet est intégré, depuis 2007, à un programme de recherche financé par la politique scientifique belge sur « Justice et Société : Histoire sociopolitique de la justice en Belgique (1795-2005) ». Il est inséré au pôle portant sur l'histoire de la magistrature belge au XIXe siècle et durant la seconde guerre mondiale, dirigé par le Pr. Jean-Pierre Nandrin (FUSL).