Emmanuelle Vincent, artiste en résidence 2022-2023

En 2022-2023, l’UCLouvain a eu le privilège d’accueillir comme artiste en résidence la chorégraphe et danseuse Emmanuelle Vincent. Durant une année, elle a travaillé avec les étudiant·es du campus Artiste en résidence (AER) et les a initié à sa pratique artistique. Au cœur de son séminaire intitulé ANIMA·L·E·S, elle a souhaité développer un parallèle entre l’observation de l’animal dans son environnement et la recherche du geste dansé. Avec les étudiant·es, elle a questionné le rôle de la danse comme vecteur de connexion à son propre corps et celui des autres : peut-on renouer avec son animalité à travers la danse ?

Emmanuelle VINCENT, française, née en 1978, est une chorégraphe, danseuse, pédagogue et vidéaste active dans les domaines de la danse et des arts visuels. Bruxelloise depuis dix-huit ans, elle s’est construite une solide formation universitaire et artistique. Diplômée d’Etudes approfondies en arts du spectacle (Sorbonne nouvelle – Paris 3), elle enrichit sa formation artistique de multiples expériences, comme stagiaire danseuse à la Sydney dance company ou stagiaire comédienne au Théâtre du soleil (avec Ariane Mnouchkine). Sa recherche constante d’ouverture vers différentes formes du mouvement l’amène à se former en danse traditionnelle vietnamienne et en yoga (diplômée par l'Association pour Yoga et Méditation en Inde). Spécialisée dans le travail au sol, elle recherche son ancrage à la terre et dans le monde animal.

Emmanuelle Vincent est co-directrice du binôme artistique t.r.a.n.s.i.t.s.c.a.p.e, qu'elle a fondé en 2003 avec le plasticien Pierre Larauza. Leurs films et performances sont reconnus et diffusés à l'international. Elle nourrit son parcours de création par son travail pédagogique auprès de professionnels et d’amateurs, d’enfants et de seniors. Animée par l’envie de partager la danse avec toutes et tous, grands et petits, elle développe ainsi une démarche pédagogique de qualité en tant que directrice artistique et pédagogique de l’école de danse et des arts de la scène “La Confiserie” (depuis 2007) ou dans la formation en danse à la FSM (UCLouvain, depuis 2006). Elle est aussi intervenante en Art de la performance à l’Université des Beaux-Arts de Ho-CHi-Minh-Ville depuis 2017. Récemment formée en éthologie appliquée à la communication homme / animal, elle développe un travail chorégraphique sur la relation des êtres vivants pour renouer avec notre animalité. Depuis septembre 2020 elle est membre du conseil de la danse pour la FWB et artiste associée aux Halles de Schaerbeek.

Lire l'entretien d'Emmanuelle Vincent pour le magazine TRACES#5 →

Son projet avec les étudiant·es

Emmanuelle est marquée par notre relation en tant qu'être vivant aux autres êtres qui nous entourent, par nos façons d’habiter la terre, de cohabiter avec ces autres formes de vie. Pour l’artiste, il importe que l’humain s’interroge sur sa difficulté à reconnaître aux autres le statut d’habitants de la terre, elle-même épuisable et épuisée par l’humanité suprématiste. Elle se questionne sur comment vivre le fait d’être vivant ; comment partager l’espace "territoire", accepter de faire de la place, apprivoiser et se laisser apprivoiser ?

Pour aborder cela, Emmanuelle a exploré avec les étudiant·es un langage chorégraphique. Plus précisément un dialogue chorégraphique, centré sur l’espace vital, l’espace du souffle, l’espace de la rencontre, l’espace proxémique. Elle a développé un langage chorégraphique qui puise dans les techniques de la danse contemporaine et celui du monde animal. Il s'agissait de reconnaître dans l’observation du mouvement animal, par la vidéo notamment, les formes de mouvement qui résonnent pour chaque personne qui participe à la recherche artistique.

Pour participer à ce séminaire aucun prérequis en danse n'était nécessaire. L’observation de l'animal et l’expérimentation ont été au cœur du séminaire avec pour ambition finale la création de solos pour chaque étudiant·e et une présentation collective au Musée L, intitulée "ANIMAL·E·S. Et si nous dansions, cohabitions ensemble?".

“Je souhaiterais encourager l’étudiant·e à envisager sa pratique de manière intermédiale, chaque étudiant·e sera ainsi encouragé·e à développer des récits corporels et plastiques ; l’action physique et la dimension plastique étant interdépendantes. Le geste, le mouvement, le son corporel ou le son vocal seront autant de matériaux à expérimenter dans le cadre d’une action performative.”

1. Développer une gestuelle à partir de son corps animal
Le défi principal a été d'accompagner les étudiant·es dans la découverte de leur corps comme expression de soi au départ d’une connaissance vécue de soi, corps animal en mouvement, en arrivant à mettre le langage intellectuel à distance pour retrouver une forme de communication plus proche de l’animalité. Danser peut être lié à la dimension d’animalité personnelle, à la redécouverte, la résurgence de son propre langage corporel naturel. L'idée était de (re)trouver sa forme unique de gestuelle en lien au corps animal de chacun·e.

2. Se mouvoir dans l’espace
Les étudiant·es ont découvert l’espace chorégraphique en tant qu’espace proxémique. Ici également, l’observation éthologique a été éclairante (par exemple celle de chevaux en troupeau dans sa dimension communicationnelle par les attitudes et la proxémie[1]). L’occupation et l'appropriation de l’espace chorégraphique en tant que territoire de l’être et non de l’avoir et la complémentarité sur l’Umwelt[2] entre monde propre et monde vécu ont permis de relever ce défi. Les étudiant·es ont découvert l’effet de leurs attitudes corporelles propres et des changements d’espaces comme puissants moyens d’information.

3. Recréer son environnement et cohabiter
L’étudiant·e, comme individu, a été amené·e à vivre l’espace chorégraphique avec les autres, à cohabiter dans cet espace par un dialogue gestuel. Il était question d'apprivoiser l’espace et la gestuelle de l’autre tout en se laissant apprivoiser. Le défi a été que chaque étudiant·e puisse cohabiter l’espace muséal avec les autres et le groupe en gardant son identité propre tout en partageant cet espace de l’être.

ANIMAL·E·S. Et si nous dansions, cohabitions ensemble?, la fresque collective présentée en cloture de la résidence

 

Retour sur le Campus artiste en résidence

Quelques jours après la présentation au Musée L, Chloé et Gaby reviennent sur le Campus artiste en résidence et ce que ce cours pas comme les autres leur a apporté, personnellement et collectivement.

Lire également l'article "A la recherche du souffle qui nous anime" publié dans le magazine TRACES de janvier 2023 >



 


 

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[1] La proxémie ou proxémique est une approche du rapport à l'espace matériel introduite par l'anthropologue américain Edward T. Hall à partir de 1963. Ce néologisme désigne d'après lui « l'ensemble des observations et théories que l'Homme fait de l'espace en tant que produit culturel spécifique ».

[2] L'Umwelt désigne l'environnement sensoriel propre à une espèce ou un individu, mieux rendu en français par l'expression de « monde propre ». Ce concept est à la croisée des chemins entre la biologie, la communication et la sémiotique chez l'animal humain et non-humain.

 

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