Bruxelles: ‘Intelligence’ et vidéosurveillance

 

Bruxelles, Smart City ? Dans Brussels Studies, Nicolas Bocquet, chercheur à l’UCLouvain, montre que la mobilité est le parent pauvre d’une politique qui a d’abord favorisé la vidéosurveillance avant de pousser le volet économique au cours de l’actuelle législature.

Les ‘Smart Cities’ ? La Commission européenne les décrit comme des villes utilisant les technologies et le numérique au profit de réseaux de transports urbains plus efficients, d’un meilleur approvisionnement en eau, d’installations de traitement des déchets améliorées, d’une administration plus réactive ou encore d’espaces publics sûrs et adaptés aux besoins de tous.

Une politique sécuritaire

Dans Brussels Studies, Nicolas Bocquet analyse comment la Région de Bruxelles-Capitale s’est emparée de ce concept, le recours aux technologies pouvant favoriser des politiques transversales. Le chercheur à l’UCLouvain et à l’Université de Genève montre toutefois les difficultés d’implémentation : ainsi, aucune politique transversale en matière de mobilité, secteur prioritaire de la Smart City, n’a pu réellement émerger dans le cadre bruxellois, tandis qu’une politique sécuritaire, portée par le Centre d’Informatique pour la Région bruxelloise (CIRB), s’est imposée.

En raison de l’organisation politico-institutionnelle bruxelloise, seule une politique présentant un caractère consensuel pour les partis de la coalition au pouvoir a été rapidement mise en place : elle concerne la centralisation de la vidéosurveillance régionale entamée à la fin de la législature 2009-2014.

Mobilité : les partis en compétition

A contrario, Nicolas Bocquet observe que tous les partis bruxellois, même gouvernementaux, sont en compétition sur le secteur de la mobilité, limitant ainsi la réalisation de politiques transversales. Durant la législature 2014-2019, bien que chargé du développement de la ville intelligente, le CIRB n’est pas parvenu à s’imposer comme un acteur légitime en matière de mobilité, comme il n’a pas été capable de transcender les jeux de pouvoir politiques et la fragmentation institutionnelle caractéristiques de ce secteur.

Le volet économique

En juillet 2019, l’accord de majorité pour les cinq années à venir évoque à nouveau la mobilité en lien avec l’intelligence artificielle et l’open data, au même titre que toute une série d’enjeux liés au numérique. Pourtant, c’est d’abord le volet économique de la Smart City qui est mis avant, signe qu’après le recours aux technologies à des fins sécuritaires, l’investissement dans ces outils pour stimuler la croissance économique représente probablement un autre terrain d’entente pour les autorités politiques bruxelloises.

https://journals.openedition.org/brussels/

Publié le 30 août 2021