Les Prs David Alsteens et Patricia Luis Alconero ont chacun décroché au début de cette année un ERC Starting Grant. L’un est chercheur à l’Institut des sciences de la vie, l’autre à l’Institute of Mechanics, Materials and Civil Engineering (iMMC).
Le défi que s’est lancé le Pr David Alsteens, chercheur qualifié F.R.S.-FNRS ? Mieux comprendre comment les virus se lient à nos cellules et comment ils les infectent. « En particulier dans le cas des rotavirus, qui sont responsables des gastroentérites chez les enfants mais aussi d’autres types de reovirus dont on soupçonne qu’ils pourraient jouer un rôle dans l’intolérance au gluten », explique le chercheur qui s’est vu octroyer, en septembre, une bourse du Conseil européen de la recherche pour mener à bien ses travaux.
Deux types de microscope
L’ingénieur et docteur en chimie et biophysique de l’UCL dispose pour ce faire de deux types de microscopes qui existent déjà : l’un à force atomique, l’autre à fluorescence. « Le microscope à force atomique dispose d’une très fine pointe sur laquelle nous pouvons attacher un virus. En approchant cette pointe au plus près d’une cellule animale, puis en l’éloignant, cet outil nous permet de mesurer la force de l’interaction entre le virus et la cellule. » Quant à lamicroscopie par fluorescence, qui se base sur un signal lumineux, elle permet au chercheur « de voir la disposition des récepteurs présents à la surface de la cellule et donc d’identifier comment le virus se lie à la cellule, comment il pénètre dans celle-ci pour l’infecter. Nos travaux vont tenter de combiner en temps réel les informations que ces deux outils nous livrent pour mieux comprendre la dynamique de l’infection virale ».
Sur le long terme, grâce aux mécanismes moléculaires mis en évidence, l’objectif des chercheurs de l’UCL est de développer des molécules antivirales qui cibleront les étapes clés du mécanisme d’infection.
Une solution technologique pour éliminer et récupérer le CO2
Quant à la Pre Patricia Luis Alconero, ses recherches portent sur les possibilités technologiques de réduire le CO2, tout en valorisant le potentiel de cette molécule comme source de carbone pour la production de composés précieux.
En effet, l'augmentation continue de la concentration atmosphérique de CO2 due aux émissions anthropiques conduit à des changements significatifs du climat, l'industrie représentant un tiers de toute l'énergie utilisée dans le monde et pour près de 40% des émissions mondiales de CO2. Des actions rapides, souligne la chercheuse, sont nécessaires pour diminuer la concentration de ce gaz à effet de serre dans l'atmosphère, valeur qui atteint actuellement 400 ppm. Parmi les possibilités technologiques de réduire les émissions de CO2, la capture et le stockage du carbone dans les gisements géologiques constituent l'une des principales stratégies appliquées. Cependant, l'objectif final de cette stratégie est d'éliminer le CO2 sans tenir compte de l'énorme potentiel de cette molécule comme source de carbone pour la production de composés précieux.
La nature a mis au point un mécanisme efficace et équilibré pour concentrer du CO2 et fixer le carbone inorganique dans un matériau organique (par exemple du glucose) au moyen d'une action enzymatique. Imiter la nature et tirer parti de millions d'années d'évolution devrait être considéré comme un point de départ fondamental dans le développement de processus intelligents et hautement efficaces. En outre, l'utilisation de sels d'acides aminés pour la capture du CO2 est envisagée comme une approche potentielle pour récupérer le CO2 sous la forme de (bi) carbonates.
Le projet CO2LIFE présente l'objectif global de développer un processus chimique qui convertit le dioxyde de carbone en molécules de valeur en utilisant la technologie membranaire. La stratégie suivie dans ce projet est double: i) Processus d'absorption-cristallisation à base de membrane de CO2 basé sur l'utilisation de sels d'acides aminés, et ii) Conversion de CO2 en glucose ou sels en utilisant des enzymes comme catalyseurs supportés ou retenus par les membranes . Le produit final, à savoir les (bi) carbonates ou le glucose, a un grand intérêt dans l'industrie (bio) chimique, ainsi de nouvelles émissions de CO2 sont évitées et le cycle du carbone est fermé. Ce projet, explique Patricia Luis Alconero, fournira une solution technologique à l'échelle industrielle pour l'élimination et la réutilisation du CO2.