HERA Awards 2017

Sept étudiants de l’UCL mis à l’honneur

Ce mardi 25 avril, à l’Université de Liège, 16 jeunes diplômés ont été nominés ou se sont vus décerner le titre de lauréat lors des HERA Awards 2017. Trois des nominés UCL ont décroché un prix. Ceux-ci récompensent des mémoires ou thèses qui intègrent une approche transversale propre au développement soutenable.

Les travaux réalisés par 7 étudiants de l’UCL ont été nominés dans les catégories Design (Charles Snyers d’Attenhoven et Pierrick Igot), Architecture (Loïc Dufermont), Food (Saba Parsa), Health (Pauline Marneffe), Cooperative Sustainable Econmy (Louise Snoy) et Doctoral Thesis Award (Priscilla Claeys). Charles Snyers d’Attenhoven et Pierrick Igot ont décroché le Master’s Thesis Award Sustainable Design, Loïc Dufermont a obtenu l’Award en Sustainable Architecture et Priscilla Claeys a reçu la moitié du montant destiné à récompenser le Doctoral Thesis Award (non attribué).

Charles Snyers d’Attenhoven et Pierrick Igot, École polytechnique de Louvain pour leur travail intitulé : « Design and test of a 3D-printed horizontal axis wind turbine » (« Conception et test d’une micro-éolienne à axe horizontal imprimée en 3D »). Promoteurs : Philippe Chatelain et Bruno Dehez

Charles Snyers d’Attenhoven et Pierrick Igot ont démontré que la technique d'impression 3D est, aujourd'hui, suffisamment performante pour réaliser un prototype fonctionnel d'une machine complexe, en l'occurrence une micro-éolienne à axe horizontal. Ce prototype, équipé de deux ensembles de pales d'une longueur différente (70 et 100 centimètres) a été testé avec succès dans la plus grande soufflerie subsonique en Belgique: l'Institut Von Karman à Rhode-Saint-Genèse (Bruxelles). Les puissances respectives de 60 W et 100 W y ont été mesurées. De plus, les coefficients de puissance observés ont été de 0,39 et 0,35, ce qui démontre que le prototype est d'une efficacité au moins égale aux modèles de la même taille disponibles dans le commerce. Dès le début de leur étude, les deux concepteurs ont visé un cahier des charges basé sur la substitution aisée des pièces usées ou endommagées et l'accessibilité financière du prototype. Enfin, l'ensemble du processus - y compris les plans - a été mis en ligne d'une façon “open source” afin d'en garantir l'accès libre à toute personne intéressée par les énergies renouvelables et les nouvelles techniques de fabrication.

Loïc Dufermont – LOCI Tournai (Faculté d’Arhcitecture, d’Ingénierie architecturale, d’Urbanisme) pour son travail intitulé « L'aménagement des anciens méandres de l'Escaut, un nouvel outil de valorisation et de gestion du paysage pour les générations futures? » Promoteurs : Dimitri Fache et Sébastien Verleene.

Le bouleversement climatique aura des répercutions profondes sur les bassins hydrographiques pendant de nombreuses décennies. Au croisement de l'hydrographie et de l'urbanisme, le travail de Loïc Dufermont consiste à transformer certaines de ces répercutions - en l'occurrence, les crues de l'Escaut - en opportunités pour réinventer de fond en comble le rapport de l'homme au fleuve et, plus généralement, à l'eau. De Valenciennes à Audenarde, en passant par Tournai, l'évolution historique du fleuve et de ses diverses fonctions est d'abord passée au crible par l'auteur. Dans un second temps, celui-ci propose une série d'interventions architecturales discutées avec de nombreux acteurs locaux (bateliers, pêcheurs, naturalistes, agriculteurs, demandeurs d'emploi, politiques, promoteurs, etc.) et susceptibles d'assurer de nouvelles fonctions pour les cent années à venir. Parmi ces interventions: la production fruitière, l'artisanat du bois, la pédagogie et le tourisme, sans oublier une typologie d'habitats spécifique à la plaine alluviale, appelée à se modifier sensiblement suite à la montée du niveau de l'eau. Bref, un véritable schéma directeur "soutenable".

Saba Parsa, Faculté de droit et de criminologie pour son travail intitulé: « La justiciabilité du droit à une alimentation saine devant la Cour européenne des droits de l'Homme, à la croisée des droits environnementaux et du droit à la santé. Enseignement tiré du droit à l'eau. » Promoteur: Charles – Hubert Born

Le travail de Saba Parsa part de deux constats. Primo, les aliments transformés représentent près de 75 % des ventes alimentaires dans le monde et participent lourdement aux maladies non-transmissibles (obésité, diabète, hypertension, etc.). Secundo, la Cour européenne des Droits de l'homme ne reconnaît pas le droit à l'alimentation ni - à fortiori - le droit à l'alimentation saine. Saba Parsa a donc tenté d'établir la justiciabilité du droit à l'alimentation saine devant la juridiction strasbourgeoise en s'inspirant de sa jurisprudence relative au droit à l'eau. Situé à l'articulation du droit de l'environnement et du droit à la santé et porté par une logique "droit de l'hommiste", son travail fait écho à la popularité croissante de la notion de souveraineté alimentaire dans la société civile. En établissant les bases de la juridicité du droit à l'alimentation saine, sa recherche contribue également à questionner la responsabilité des États en la matière, tout en responsabilisant les multinationales du secteur agro-alimentaire.

Pauline Marneffe, Faculté de Pharmacie et des Sciences biomédicales pour son travail intitulé : « Implication du pharmacien dans la révision de la médication chez la personne âgée. Tremplin pour le pharmacien d'officine de demain en Belgique? » Promotrice : Anne Spinewine

Si la révision de la médication en milieu hospitalier fait l'objet d'une série de travaux et de réalisations concrètes dans notre pays depuis une quinzaine d'années, il n'en va pas de même en milieu ambulatoire. Pauline Marneffe a voulu explorer ce terrain dans le contexte du vieillissement de la population. De nombreux médicaments sont en effet inappropriés ou mal utilisés par les personnes âgées, ce qui n'est pas sans conséquences tant pour leur santé individuelle que pour les budgets de la Santé publique. A l'occasion d'un stage en officine, elle a suivi six patients âgés de plus de 65 ans tout en rencontrant leur médecin généraliste. A partir d'un algorithme réalisé par ses soins et d'un accès (dûment autorisé par les personnes concernées) aux dossiers médicaux et aux historiques de délivrance des médicaments, elle a évalué le potentiel de collaboration interdisciplinaire entre pharmacien et médecin, en étroite association avec les patients. Elle en a tiré une série de propositions destinées à optimaliser la qualité des prescriptions dans le contexte d'une interaction améliorée entre professionnels de la santé.

Louise Snoy, Economic School of Louvain pour son travail intitulé: « Comment pérenniser une monnaie locale sociale complémentaire citoyenne convertible - cas d'étude de l’Épi Lorrain. » Promoteur: Frank Janssen

Parmi les 5000 initiatives de monnaies complémentaires actuellement en circulation dans le monde, très peu parviennent à s'implanter sur le long terme et à attirer l'adhésion active d'un grand nombre de personnes. C'est notamment le cas en Belgique, où les monnaies locales citoyennes (complémentaires aux monnaies conventionnelles) dépassent rarement le cap des 200 adhérents. En se basant sur l'étude de l’Épi Lorrain, l'une des plus anciennes monnaies alternatives en Belgique francophone, Louise Snoy a analysé les critères de succès et de pérennisation de telles initiatives. Elle a d'abord proposé une série de recommandations permettant au projet lorrain de surmonter ses difficultés. Elle a ensuite formulé des recommandations plus générales, au premier rang desquelles la création d'un cadre juridique clair en Fédération Wallonie-Bruxelles pour toutes les monnaies locales citoyennes. Soigneusement réfléchi, ce cadre pourrait contribuer à l'essor de circuits économiques diversifiés - l'un des objectifs majeurs des monnaies alternatives - sans pour autant nuire aux statuts et aux modes de gestion participatifs recherchés par les initiateurs de tels projets.

Priscilla Claeys, docteure en Sciences politiques et sociales, pour son travail intitulé «Claiming rights and reclaiming control. The creation of new human rights by the transnational agrarian movement Via Campesina and the transformation of the right to food. » ( « Revendiquer des droits, prendre le contrôle. La création de nouveaux droits humains par le mouvement agraire transnational La Via Campesina et l'évolution du droit à l'alimentation. » Promoteurs : Olivier De Schutter et Isabelle Ferreras.

La thèse de Priscilla Claeys est consacrée à La Via Campesina, réseau transnational de mouvements paysans rassemblant quelque 200 millions de petits agriculteurs au sein de 70 pays. Outre ses aspects conceptuels, le travail a consisté à mener plus de 110 entretiens et à participer à une soixantaine de réunions dans 13 pays de différents continents. Priscilla Claeys a étudié pourquoi et comment ce mouvement utilise les droits humains dans sa lutte pour la souveraineté alimentaire. Elle a analysé la lutte des paysans en faveur de la reconnaissance de nouveaux droits (à la terre, à la biodiversité, aux semences...). Elle a démontré que les mouvements paysans dépassent "le paradoxe de l'institutionnalisation", c'est-à-dire le risque de voir les droits perdre leur potentiel subversif et mobilisateur lorsqu'ils sont mis en œuvre par les pouvoirs étatiques. Sa conclusion est qu'en cherchant à redéfinir les droits humains, La Via Campesina invite à un débat public sur l'avenir de la paysannerie mondiale et, plus largement encore, sur l'allocation des ressources naturelles.

Ces prix ont été remis par sept jurys indépendants composés de membres issus des mondes de l’entreprise, associatif, académique et du secteur public. Ces jurys ont récompensé des travaux de fin d’études (Mémoire ou thèse) d’étudiants provenant d’une Université ou Haute Ecole francophone de Belgique. La Fondation pour les Générations Futures (FGF), initiatrice des Higher Education & Research Awards for Future Generations (HERA), entend également récompenser à travers ses prix l’ensemble de la communauté académique.

Crédit Houet-ULg

Publié le 26 avril 2017