Le charbon menace aussi la Grande Barrière de corail

fond marin

La guerre en Ukraine provoque une pénurie d’énergie dans le monde. Certains pays envisagent aujourd’hui de remplacer le gaz russe par du charbon. Mais attention, ce combustible risque de mettre en péril certaines espèces marines. Des scientifiques de l’UCLouvain ont étudié l’impact potentiel d’un projet de construction d’une gigantesque mine de charbon au large de la Grande Barrière de corail. Conclusion ? Les dégâts seraient considérables!

Le milliardaire australien Clive Palmer envisage d’ériger une mine de charbon à ciel ouvert dans le Queensland, à une dizaine de km des côtes de la Grande Barrière de corail. Or le projet présente un réel danger pour les écosystèmes marins. Emmanuel Hanert et Antoine Saint-Amand, chercheurs au Earth and Life Institute et professeurs à la Faculté des bioingénieurs de l’UCLouvain ont étudié les conséquences éventuelles d’une telle exploitation sur la zone classée patrimoine mondial. « Dans nos travaux, nous simulons la dispersion de différents types de sédiments à l'aide d'un modèle océanique à haute résolution et nous en déduisons leur empreinte environnementale », explique Emmanuel Hanert. Les chercheurs ont ainsi montré que les sédiments les plus fins issus des activités d’extraction minière pourraient atteindre en quelques semaines des prairies sous-marines denses, des plages de nidification des tortues et un sanctuaire de dugongs (un mammifère marin proche du lamantin). « Nos résultats suggèrent que les  particules ne seront pas dispersées uniformément dans toute la baie mais plutôt concentrées là où se trouvent les écosystèmes les plus précieux ».
Les scientifiques concluent que ce projet pourrait donc avoir des répercussions considérables sur des zones écologiquement sensibles de la Grande Barrière de corail et ses espèces marines emblématiques.

Face au regain d’intérêt pour le charbon sur fond de crise énergétique mondiale, les experts rappellent le double impact négatif de celui-ci sur l’environnement. Sa combustion produit plus de CO2 par unité d’énergie produite que le gaz et son extraction a une incidence significative sur les écosystèmes à proximité.

Les résultats de l’étude réalisée en collaboration avec deux chercheuses australiennes de la James Cook University sont publiés dans la revue Marine Pollution Bulletin .

Publié le 25 mai 2022