Mammifères marins: des polluants pris sur le fait!

 

Observer l’effet des polluants sur des animaux dans leur milieu naturel n’est pas chose aisée. Et c’est d’autant plus compliqué lorsqu’ils vivent dans l’océan. La méthode qu’a développée l’équipe de Cathy Debier pour récolter et garder des tissus vivants quelques jours va permettre aux scientifiques d’évaluer l’impact des plastiques et autres polluants sur la biologie des mammifères marins.

Comment les plastiques et autres polluants présents dans les océans affectent les mammifères marins ? Etudier les effets de la pollution sur les baleines, dauphins, otaries et autres mammifères n’est pas une mince affaire pour des raisons à la fois pratiques et éthiques. Il est pourtant primordial de connaître l’étendue des dégâts et les conséquences des polluants océaniques sur la biologie de ces animaux afin d’agir efficacement pour leur protection et conservation.

Pouvoir garder du tissu en vie au laboratoire permettrait d’analyser efficacement l’effet des polluants tout en minimisant l’impact sur les animaux. Toutefois, lorsque les scientifiques peuvent prélever des tissus, c’est soit sur des animaux déjà morts, soit les tissus prélevés sont rapidement altérés et perdent leurs fonctions « normales ». Impossible donc d’observer comment les polluants agissent au sein des tissus et cellules vivants, comme ils le feraient chez l’animal dans son milieu naturel.

Ça c’était jusqu’il y a peu. Mais l’équipe de Cathy Debier a développé une méthode qui permet de garder du tissu adipeux (graisse sous-cutanée), vivant et fonctionnel, jusqu’à 5 jours après le prélèvement. Les résultats de cette étude sont publiés dans Frontiers in Physiology. Les chercheur.e.s* du LIBST de l’UCLouvain,  ont travaillé à l’élaboration de cette méthode, en collaboration avec l’université de Californie de Santa Cruz et la Sonoma State University, en utilisant la graisse sous-cutanée d’éléphant de mer comme modèle. Mais cette méthode peut être appliquée à n’importe quel mammifère marin ainsi qu’à d’autres animaux, comme l’ours polaire, espèces hautement menacées. L’outil est également développé sur un autre modèle, le porc, dont les tissus sont utilisés pour comprendre l’impact des perturbateurs endocriniens ou pour la recherche contre le cancer par exemple. Il s’agit d’une avancée majeure qui ouvre donc des perspectives tant en protection de l’environnement qu’en santé humaine !

Découvrez en vidéo comment Cathy Debier et Laura Pirard, doctorante au LIBST de l’UCLouvain, récoltent les échantillons de tissus d’éléphants de mer dans leur milieu naturel et les analysent grâce à cette nouvelle méthode :

* Ce travail a été développé en collaboration avec le Professeur Jean-François Rees ainsi que deux étudiantes de l’UCLouvain, Marie Verhaegen et Laura Pirard dans le cadre de leur stage BBMC et mémoire bioingénieur. Laura Pirard réalise à présent une thèse de doctorat sur le sujet et retournera sur le terrain en Californie dès janvier 2022.

Publié le 14 avril 2021