Manque d’engagement, d’investissement et de motivation des jeunes dans leur métier est un sujet souvent remis sur la table par les moins jeunes. Mais cette croyance est-elle pour autant vraie ?
Une étude a été menée avec plus de 3000 jeunes de moins de 30 ans interrogés et le même nombre de participants dans le groupe opposé de 30 à 65 ans.
L’étude s’est concentrée sur 4 questions principales :
Ce résultat va peut-être vous surprendre mais 47% des moins de 30 ans estiment leur travail très important ou plus important que tout le reste face à 36% pour les 45-65 ans
Les jeunes sont travailleurs et cette étude n’est pas la seule à le montrer. Ce qui est interpellant dans ces résultats-ci, c’est la baisse d’intérêt des plus de 45 ans qui pourrait se justifier avec les débats autour de l’âge de la retraite ou encore le manque d’aménagements présents en fin de carrière.
Une bonne majorité des jeunes vivent leur travail comme un plaisir, une passion, voire une réalisation d’eux-mêmes. Dans le groupe opposé, les résultats sont légèrement plus bas mais toujours globalement proche. Cindy Dewitte, DRH chez Multipharma, nous dit « Ce sont les attentes et les besoins qui changent, pas l’investissement ou l’implication ».
Les résultats démontrent que les jeunes ont un degré de satisfaction assez élevé sur la majorité des aspects de leur quotidien professionnel avec un minimum à 60% concernant la rémunération et un maximum à 83% sur le degré d’autonomie et les relations au travail.
Les jeunes de l’échantillon avaient, en moyenne, déjà travaillé dans trois entreprises différentes. Est-ce représentatif d’un désintéressement ? Non, les codes du travail et du recrutement ont simplement évolué. De nos jours, ce n’est plus au candidat de séduire le recruteur mais c’est aux deux partis d’arriver à trouver un compromis pour que tout le monde soit satisfait de l’échange.
De plus, les jeunes mettent beaucoup plus d’importance que leurs ainés au même âge à découvrir le monde et à apprendre à se connaitre, ce qui implique qu’ils ne quittent pas systématiquement leur travail car ils ne s’y plaisent plus mais parce qu’ils veulent pouvoir évoluer. Cindy Dewitte nous confie « Je n’ai pas plus de turnover qu’avant, ce sont les motifs qui changent ».
Un autre thème qui revient souvent à l’entretien est la question du télétravail. Les résultats montrent que les jeunes n’aiment pas plus que ça le télétravail. 55% ont le sentiment que cela les isole de leurs collègues, que cela rend la séparation vie professionnelle et privée plus difficile, qu’ils se sentent moins efficaces et qu’ils craignent de rater des informations ou des opportunités importantes.
Le top 3 des aspects les plus importants dans le travail des moins de 30 ans est le suivant : 1. Avoir un travail intéressant et qui plait ; 2. Avoir un bon équilibre vie privée et vie professionnelle ; 3. Avoir des revenus élevés.
On peut également observer que le thème qui a le plus grand écart entre les jeunes et les plus de 45 ans est le fait de pouvoir continuer à se former et à avoir des pistes d’évolution. Cela corrobore avec le fait qu’on voit une envie d’apprendre et de progresser chez la génération plus jeune.
Mais alors, comment garder ces jeunes qui ont tant envie de découvrir le monde ?
Manon Lemaire, conseillère en recrutement chez CBC, nous explique leurs techniques de rétention de talents grâce à des accompagnements de carrière, des possibilités d’évolution au sein de la banque avec une mobilité interne fluide ainsi que l’opportunité de vivre pendant une journée le quotidien d’un collègue. En plus de cela, ils essayent de former leurs managers avec une culture du feedback et de l’intelligence émotionnelle.
Pour finir, plusieurs statistiques concernant le bien-être physique et mental des jeunes travailleurs sont assez marquantes. 64% de cette nouvelle génération déclare avoir été victime de harcèlement ou de micro-agressions au cours de l’année écoulée. De plus, ils disent ressentir de l’épuisement, du stress, un sentiment d’impuissance à faire bouger les choses, d’avoir trop de travail ainsi que de ne pas se sentir assez écouté par leur hiérarchie.
Ces statistiques peuvent s’expliquer par le fait que les moins de 30 ans, par rapport aux plus âgés, sont plus soumis à plus de positions statiques, aux mouvements répétitifs, au bruit continu ainsi qu’aux horaires atypiques et au port de charges lourdes.
Les jeunes travailleurs sont particulièrement attentifs aux aspects de prévention du bien-être au travail, concept novateur il y a des dizaines d’années mais qui est considéré, aujourd’hui, comme la norme.
Beghin, X. (2024). Les jeunes désintéressés par le travail ?. Trends Tendance, 20(2024), 8-14. https://trends.levif.be/a-la-une/social/les-jeunes-desinteresses-par-le-travail/