Annick Lepot, de la recherche au musée

Annick

Lepot

Diplômée en histoire de l’art et archéologie en 2006, Annick Lepot a été chercheuse pendant plusieurs années avant de devenir la conservatrice du Musée archéologique de Namur en 2018. Découvrez le portrait d’une jeune femme qui a fait de sa passion un métier.

Annick n’est pas devenue archéologue par hasard. Elle a grandi à proximité des ruines de l’abbaye de Villers-la-Ville. De là lui est venue sa passion pour les « vieux cailloux » comme elle nous le confie en souriant. Annick y a rencontré des archéologues qui menaient un chantier de fouille et a eu envie de découvrir ce métier.

Alors, pas question pour elle d’attendre la fin du secondaire pour se lancer. A 15 ans, elle s’inscrit auprès de l’ASBL Archéolo-J qui organise des stages archéologiques pour des jeunes (et moins jeunes) passionnés. Annick passe donc ses vacances d’été sur des sites archéologiques belges pour y découvrir le métier de terrain. Une expérience qui l’a complètement conquise. Elle y a rencontré une archéologue qui l’a tout particulièrement inspirée. « C’est bien simple. Je voulais devenir comme elle », nous explique-t-elle.

Une passion pour l'archéologie nationale

Annick entame donc, après une légère hésitation pour la géologie, des études en histoire de l’art et archéologie à Namur. Avant de rejoindre la faculté FIAL à l’UCLouvain pour y faire ses deux dernières années d’études. Elle y rencontre de nouveaux professeurs tout aussi passionnés qu’elle : Marco Cavalieri, Raymond Brulet et Jan Driessen pour ne citer qu’eux. Et c’est là qu’elle décide de se spécialiser en archéologie nationale.

Son mémoire consacré à l’étude des céramiques d’époque romaine est une réelle révélation. Elle est amenée à manipuler du matériel archéologique aux côtés d’une céramologue expérimentée. Elle découvre que l’on peut apprendre de ces vieux vases toute sorte d’informations telles que la manière dont les personnes vivaient, ce qu’ils consommaient, etc.

Dès qu’elle a terminé ses études, Annick est engagée en tant que doctorante par le Centre de recherches d’archéologie nationale. Elle obtient également une bourse FNRS à l’UCLouvain. Elle dédie sa thèse à la « céramique et l’alimentation en Gaule du Nord : trois siècles d’acculturation des populations dans les régions de Bavay, Tournai et Tongres ». Son objectif visait à étudier la céramique commune à travers l’analyse de la typologie, de la technique de fabrication et de la fonction. Cette méthode a permis de préciser la vitesse du phénomène d’acculturation dans nos régions. Cela lui a permis de mettre en évidence que les populations locales ont mis plus temps qu’on ne le pense à incorporer les mœurs romaines dans leurs pratiques quotidiennes (alimentation, commerce, etc.).

Après la thèse, Annick a travaillé sur des projets fédéraux dans le cadre des Pôles d’attraction interuniversitaires toujours au sein du Centre de recherches d’archéologie nationale de l’UCLouvain. En 2015, faute de financement, elle doit choisir entre se réorienter ou continuer à faire de la recherche avec toutes les difficultés que cela comporte pour obtenir des bourses tout en jonglant avec la vie de famille.

A la découverte des musées

A la recherche de changement et de stabilité, Annick se lance dans une formation complémentaire en management et en tourisme. Gestion du personnel, aspects juridiques du tourisme, marketing…. bref, tous les outils de gestion utiles pour travailler au sein de musées.

En 2016, Annick devient responsable scientifique et pédagogique à l’Archéoparc de Malagne. Toujours dans les deux pieds dans l’archéologie mais en orientant la communication vers un public de non-initiés (touristes individuels, public scolaire, etc.). Ce poste a deux casquettes, l’un pédagogique, l’autre scientifique sur la conservation des vestiges archéologiques du site mais aussi la recherche en archéologie expérimentale, lui a particulièrement plu. Cette expérience de deux ans a été un véritable tremplin qui lui a permis d’acquérir des compétences qui lui ont permis de décrocher le poste de conservatrice du Musée archéologique de Namur, son métier depuis 2018.

Depuis son arrivée, Annick se consacre au déménagement de ce musée installé depuis 160 ans dans un bâtiment classé patrimoine exceptionnel de Wallonie. Elle assume avec ses équipes le projet de muséographie dans un nouveau bâtiment et diverses tâches scientifiques. Elle accueille d’ailleurs régulièrement dans son musée des étudiants en archéologie, des chercheurs et des stagiaires en tourisme.

Annick est d’ailleurs toujours collaboratrice scientifique du Centre de recherche d’archéologie nationale. Ensemble, ils projettent de monter des études scientifiques autour du matériel conservé dans le musée avec à la clé une publication et une exposition dédiée au grand public. Annick ne pourrait pas être professionnellement plus satisfaite. Elle garde un pied dans la recherche tout en mettant à profit ce qu’elle a acquis tout au long de son parcours universitaire et professionnel.