La transmission des souvenirs liés à la mise au ban de la société (RE-MEMBER), le projet ARC remporté par V. Rosoux

La transmission des souvenirs liés à la mise au ban de la société : Analyse comparée de la gestion officielle et intime des souvenirs liés à la collaboration et à la colonisation en Belgique (RE-MEMBER) 

Les contextes conflictuels conduisent souvent à des souvenirs conflictuels. Les protagonistes négocient pour la reconnaissance et l'acceptation de leur interprétation d'un passé contesté, ainsi que pour sa préservation en tant que récit officiel. Dans certains cas, les paysages commémoratifs et les comptes rendus publics exacerbent les conflits au sein d'une communauté. Mais avec le temps, la nature socialement construite de la mémoire permet la possibilité de changement - même si le changement n'est ni facile ni systématique - et, par conséquent, crée des opportunités de transformation des conflits. Les nouvelles générations peuvent s'approprier ce passé à la lumière de leur propre compréhension de l'histoire et de leur connaissance de l'implication de leur famille. Par conséquent, l'intérêt réside ici dans l'espace liminaire des récits familiaux et officiels, en particulier lorsqu'il s'agit d'histoires personnelles de personnes qui se sont trouvées du "mauvais côté de l'histoire". Dans ce projet de recherche, nous visons à analyser les récits officiels et familiaux de deux épisodes controversés du passé national belge : la répression de la collaboration après la Seconde Guerre mondiale et le retour des colons belges en Belgique en 1960 (après l'indépendance du Congo). Comme nous le démontrerons, ces événements ont donné lieu à des mémoires divergentes. Le projet a deux objectifs majeurs. Premièrement, il explorera la tension inévitable entre les pratiques publiques et privées de la mémoire, et entre les mémoires officielles et souterraines. Deuxièmement, il examinera la transmission des mémoires sur trois générations. Cette analyse innovante à plusieurs niveaux sera possible grâce à la dimension interdisciplinaire de l'équipe de recherche (sciences politiques, histoire et psychologie). Le projet déterminera et articulera le rôle de trois variables principales dans la construction de ces passés controversés et leurs conséquences pour les individus et les groupes : (1) le degré de stigmatisation (variable contextuelle), (2) la communauté linguistique (francophones vs néerlandophones), et (3) la dimension générationnelle (G1 : un des enfants du collaborateur/colonisateur, G2 : un de leurs petits-enfants, G3 : un de leurs arrière-petits-enfants). D'un point de vue méthodologique, nous combinerons trois approches principales : l'analyse d'un corpus de discours officiels ; des entretiens avec des familles touchées par la répression des collaborateurs ou le retour des colons (sur trois générations) ; et des études expérimentales. Chacune de ces méthodes sera menée par deux chercheurs de disciplines différentes travaillant en tandem. 

 

Équipe : Valérie Rosoux (ISPOLE), Olivier Luminet (IPSY),Anne-Sophie Gijs (IACS), Laurence van Ypersele (INCA-IACS)

 

Publié le 06 avril 2020