La prospective, ou l’art d’anticiper les possibles

Louvain-La-Neuve, Mons

Diplômé de l’UCLouvain FUCaM, Rafaël Ritondo est chercheur à l’Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS). Il vient de soutenir sa thèse consacrée à l’apprentissage induit par la démarche prospective. Explications.

Que peut-on apprendre de la prospective ? C’est la question à la base de la recherche de Rafaël Ritondo, attaché scientifique à l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS). « La prospective est une démarche d’anticipation », définit-il. « A la différence de la prévision, qui vise à identifier un futur probable compte tenu des informations dont on dispose à un moment donné, la prospective reconnaît une pluralité de futurs possibles. Lorsque l’on fait une prévision, on essaie de dire ce qui devrait se passer. En prospective, on va aussi explorer des futurs moins probables, mais possibles. »

La démarche prospective, en essayant d’anticiper les futurs possibles, vise à aider les décideur·ses à prendre des décisions éclairées face à des défis complexes. Dans sa thèse, soutenue le 4 juillet dernier dans les locaux de l’IWEPS (Namur), Rafaël Ritondo a voulu savoir comment les participant·es apprennent lors d'une démarche de prospective et les conditions qui influencent cet apprentissage. « Sur une thématique donnée, est-ce que le fait de participer à une démarche de prospective change le diagnostic des participant·es, qui sont des experts de la thématique, et leurs représentations par rapport au futur ? »

Crédibilité des participant·es

Pour mesurer l’impact de la démarche prospective, Rafaël Ritondo a travaillé sur la thématique du futur des élevages de bovins en Wallonie. « Clairement, certain·es des 12 participant·es qui ont pris part aux activités de prospective ont changé leurs représentations, tant par rapport au présent qu’aux futurs. » Les conditions dans lesquelles se déroulent ces exercices ont un impact important sur ces changements de représentation. « Pour modifier les croyances relatives au diagnostic, les conditions relatives au processus, comme la crédibilité des autres participant·es, sont déterminantes. En revanche, pour imaginer de nouveaux futurs possibles, les résultats sont plus importants. La qualité des productions prend alors le pas sur celle des échanges. »

Cette recherche doit permettre d'améliorer les pratiques des prospectivistes en offrant des bases solides pour évaluer et concevoir les processus de prospective.

Du développement territorial à l’économie des seniors

Politologue de formation, Rafaël Ritondo est titulaire d’un master en administration publique de l’UCLouvain, obtenu au Campus FUCaM. De 2015 à 2017, il a été chercheur pour l’UCLouvain et a travaillé sur plusieurs études de développement territorial. Il est ensuite devenu attaché scientifique à l’IWEPS, où il a plus spécifiquement travaillé sur la question de l’émergence d’une filière d’économie des seniors répondant aux enjeux posés par le vieillissement de la population.

Depuis 2019, toujours en travaillant à l’IWEPS, il a mené sa thèse de doctorat au Centre Montesquieu d’étude de l’action publique de l’UCLouvain sous la direction des professeurs Stéphane Moyson (UCLouvain) et Sébastien Brunet (ULiège).

Publié le 05 juillet 2024