L’UCLouvain veut influencer l’avenir

Faites l’université ! La cérémonie de rentrée académique de l’UCLouvain a mis en avant celles et ceux qui ‘font’ l’université : académiques, scientifiques, administratif·ves, étudiant·es mais aussi tous ceux qui permettent à l’université de garder le cap. Décret paysage, financement, autonomie, liberté… ont émaillé les discours sur fond d’embruns et du voilier du kot-à-projet l’ULYC, symbole de l’équipage UCLouvain.

La soirée a débuté par les mots de Laurence Vielle, poète nationale et artiste en résidence à l’UCLouvain en 2019-2020.

(…)
chercheuses penseurs lecteurs arpenteuses 
veilleurs et éveilleuses savants passeurs 
passionnés rêveurs et pionnières 
créateurs inventeurs étudiantes 
apprentis passagères éphémères 
rapporteurs relieuses
ensemble oui faisons l’uni et l’univers
faisons oui faisons l’université

Influencer l’avenir

Réclamant un bilan de la réforme issue du décret paysage, Jean Hilgers, président du Conseil d’administration, a souligné « qu’à force de personnalisation [du parcours étudiant], on met constamment sur la brèche les équipes administratives et pédagogiques et on risque de mettre à mal la cohérence de programme de l’étudiant », tout en présentant « un coût collectif pour les finances de la Fédération Wallonie-Bruxelles et individuel pour les familles concernées. » « Bien avant son passé, ajoute-t-il, même glorieux, une université est d’abord caractérisée par sa capacité à influencer l’avenir. »

Technocrates du dépôt de projets

Pour le corps académique, la Pre Alexia Autenne et le Pr Olivier Servais ont mis en avant les valeurs académiques : la liberté académique, qui garantit l’indépendance par rapport à toute forme d’intérêt particulier et qui permet aux universités de former les étudiants et de faire progresser les connaissances. « Les universités doivent, certes, pouvoir rendre des comptes quand elles bénéficient d’argent public, mais il est de leur essence d’être des espaces de liberté. » La seconde valeur est la collégialité et la troisième, la ‘sagesse du temps long’. Or, déplorent-ils, « nous devenons chaque jour un peu plus des technocrates du dépôt de projets, des stakhanovistes des soumissions de papiers et des comptables des H Index et autres rankings. » Les deux académiques s’inquiètent aussi de constater que « le financement de l’enseignement supérieur est de 30% inférieur à la moyenne des pays voisins. »

Burn-out étudiant

Au nom des étudiant·es, Arnaud Huberty, pointe le burn-out, « qui se répand partout mais dont la croissance au sein du milieu étudiant est particulièrement alarmante », demandant aux universités belges et au gouvernement de se pencher de concert sur cette question. Le représentant étudiant n’oublie pas « l’espoir en une université qui fait travailler de commun accord professeurs et étudiants pour faire face au monde de demain ».

Une guerre de l’humanité

Le recteur Vincent Blondel, qui entame un nouveau mandat de cinq ans, a mis en avant deux préoccupations majeures qui seront, avec d’autres, au cœur du travail de l’équipe rectorale en partie renouvelée : la qualité de vie au travail et la nécessité de relever le défi de la transition vers un monde plus durable. « La science du climat est claire et sans ambiguïté : par l’émission massive de dioxyde de carbone, l’activité humaine a entraîné une transformation climatique majeure. » Reprenant les mots du Pr Éric Lambin, il souligne que « c’est bien d’une guerre de l’humanité pour préserver son environnement qu’il s’agit », tout en soulignant que « notre université a un rôle essentiel à jouer ». 

Évoquant l’alliance européenne que l’UCLouvain a contribué à mettre sur pied, Circle U, Vincent Blondel a souligné que « après le programme Erasmus il y a 30 ans et le processus de Bologne il y a 20 ans, les alliances d’université sont une nouvelle transformation profonde qui se prépare. »

Alléger les contraintes

Le recteur a rappelé qu’à la veille des élections, les six recteurs avaient déposé un mémorandum demandant un premier refinancement de 150 millions € pour les cinq années à venir et le même montant pour 2025-2030, « ce qui aurait ouvert la perspective de retrouver, d’ici une décennie, le niveau de financement d’il y a 10 ans et de nous rapprocher un peu plus de celui dont bénéficient les universités en Flandre. » Enfin, Vincent Blondel a conclu en plaidant pour l’autonomie, « qui ne coûte rien. Pour que les universités puissent assurer au mieux leurs missions, il faut que les contraintes qui pèsent sur elles soient enfin allégées. »

Retrouvez les discours prononcés lors de la rentrée

La ‘Journée transition’ annoncée par le recteur Vincent Blondel lors de la cérémonie de rentrée académique aura lieu le mardi 3 décembre 2019.

Publié le 17 septembre 2019