Métastases hépatiques: une prouesse aux Cliniques Saint-Luc

En cas de cancer colorectal (côlon, rectum), le foie constitue la première localisation des métastases. La chirurgie permet d’enlever les parties du foie envahies par les métastases, sauf que le cancer est trop étendu. Toutefois, des chirurgiens et oncologues des Cliniques universitaires Saint-Luc ont développé une procédure complexe et exceptionnelle via une transplantation par donneur vivant. Une dizaine d’opérations de ce type se sont déroulées à travers le monde, dont trois aux Cliniques Saint-Luc.

 

Le foie joue un rôle important de filtre en aval du tube digestif et constitue la première localisation des métastases des cancers colorectaux. En enlevant de manière chirurgicale les zones du foie envahies par les métastases, souvent après contrôle par la chimiothérapie, il est envisageable de les mettre en rémission. Grâce à la capacité de régénération du foie, les chirurgiens peuvent retirer jusqu’à 70% du volume hépatique. Au-delà, le patient risque de se retrouver en insuffisance hépatique.

 

Des patients jeunes

Malheureusement, de plus en plus de patients jeunes (40 à 60 ans) souffrent de cancers colorectaux avec des métastases tellement étendues au niveau du foie qu’il n’est pas possible d’intervenir chirurgicalement. Pour tenter de leur venir en aide, une équipe de chirurgiens et d’oncologues de Saint-Luc a creusé la piste de la transplantation par donneur vivant. La transplantation par donneur cadavérique ne constitue pas une solution, les patients se retrouvant en liste d’attente pour un temps relativement long.

Un geste chirurgical en deux temps

La procédure développée à Saint-Luc pour une transplantation par donneur vivant se déroule comme suit : les chirurgiens retirent la partie gauche du foie (la plus petite) du receveur et la remplacent par un greffon de petit volume prélevé chez un donneur vivant. Restent donc un côté droit malade et un côté gauche sans défaut.

Via un artifice chirurgical, toute l’alimentation sanguine est renvoyée vers le greffon (partie gauche). La partie droite reste toutefois alimentée via l’artère hépatique, ce qui évite aux patients de se retrouver en insuffisance hépatique. Après 15 jours, la partie gauche greffée a grossi de presque 200%. Le foie droit malade peut alors être retiré par voie laparoscopique et ce, sans le moindre risque d’insuffisance hépatocellulaire pour le patient. Une analyse scientifique de cette hyper-régénération du foie est parallèlement en cours d’exploration en collaboration avec le laboratoire d’hépato-gastroentérologie de l’UCLouvain. La compréhension des mécanismes sous-jacents permettrait d’envisager cette procédure à mini-greffon sans devoir laisser le foie droit malade en place.

10 procédures dans le monde, 3 à Saint-Luc

Ce type de procédure novatrice n’a été reproduit qu’une dizaine de fois dans le monde dont trois au sein des Cliniques universitaires Saint-Luc. La dernière en date s’est déroulée en octobre dernier.

Publié le 17 décembre 2021