Quand le Président Santos dit « nous »

Irwing Palacios Ortiz a consacré son mémoire de fin d‘études en Faculté de philosophie, arts et lettres, au rôle joué par les discours du Président Santos dans le processus de paix en Colombie.

«Pendant plus de 50 ans, la population colombienne a été victime des actions de guérilla menées par les Forces armées révolutionnaires de la Colombie (FARC)», explique Irwing Palacios Ortiz qui a terminé son master en Langues et lettres modernes, orientation générale par un mémoire consacré au discours politique dans le processus de paix en Colombie. Il a exploré l’utilisation de la première personne du pluriel en espagnol (‘nosotros’, ‘nuestro’, ‘nos’) ainsi que son évolution au cours du temps dans les discours du gouvernement colombien liés à ce processus de paix. fdlkfdlkf

L’analyse porte sur les discours prononcés entre le mois d’août 2012 et août 2015, qui représentent un total de 67 881 mots. Une des conclusions? Santos emploie le ‘nous’ afin, entre autres, de développer la fierté et l’identité du peuple colombien. Cet emploi a contribué à changer le tissu social et à convaincre la population qu’il fallait changer de mentalité, seul moyen de s’éloigner d’une perspective de guerre perpétuelle.

«L’emploi du ‘nous’ pour tâcher de convaincre en politique est une pratique courante», explique Barbara De Cock, professeure de linguistique espagnole à la Faculté de philosophie, arts et lettres et promotrice du mémoire d’Irwing Palacios Ortiz. «Le ‘Yes, we can’ rassembleur de la première campagne électorale d’Obama est un bon exemple. De façon plus négative, certains hommes politiques essaient de construire un « nous » en opposition avec «les autres» pour exclure ou stigmatiser certains groupes. L’analyse de la fréquence d’utilisation du ‘nous’ n’est donc pas suffisante, c’est surtout la façon dont on emploie le ‘nous’ qui est significative, s’agissant d’inclure ou d’exclure.»

Comment prouver que ces discours influencent réellement les gens? «Il faudrait mener des études expérimentales, ce qui est difficilement imaginable pour des processus de paix de ce type. On dispose cependant d’une large histoire de ce type de stratégies dans de nombreux discours politiques dans différents contextes et en différentes langues, ce qui montre au moins que beaucoup d’hommes politiques (et de responsables de communication…) y croient», estime Barbara De Cock.

Publié le 15 décembre 2016