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LOUVAINS

Dans un monde ultra-connecté, l’UCL coordonne quatre équipes de recherche universitaire afin de mettre au point un réseau sans fil multiservices.

Qu’est-ce donc que ce réseau multiservices ? Un réseau surdoué et calqué pour l’ère de l’internet des objets. Le professeur Luc Vandendorpe coordonne ce projet de recherche fondamentale d’excellence EOS (Excellence of Science) financé à hauteur de 3,75 millions d’euros via le FNRS, auquel seront consacrées quatre thèses de doctorat rien qu’à l’UCL ! Notre smartphone passe en permanence du wifi à la 4G et vice versa, deux réseaux sans fil dont on ne pourrait plus se passer. Mais à l’ère de l’internet des objets, où de plus en plus de petits dispositifs intelligents se connectent entre eux et nous relient au monde, le défi est de concevoir des réseaux sans fil qui proposent des services complémentaires à l’envoi de fichiers, aux communications ou au streaming.

Explorer les limites

Le Pr Vandendorpe, ingénieur électricien à la tête du groupe de recherche Wireless au sein de l’Information and Communication Technologies, Electronics and Applied Mathematics (ICTEAM), coordonne le projet MUSE-WINET (MUlti-SErvice Wireless NETworks), qui rassemble des équipes de l’UCL, de la KU Leuven, de l’UGent et de l’ULB pour une période de quatre ans. Son objectif ? « Nous ne cherchons pas à créer ce qui existe déjà comme la 4G ou la 5G, mais à l’améliorer. Notre but est de proposer des applications plus personnalisées, compatibles avec les objets connectés », explique le chercheur. Parmi ces performances, la transmission d’énergie et de data, les communications mais aussi du calcul. Tout ça en même temps ? Pas si vite ! Ces opérations convoitent les mêmes ressources, rendant la compétition féroce. Il y aura donc des sacrifices. Les chercheurs de l’UCL auront pour tâche principale d’évaluer quelles sont les combinaisons atteignables simultanément et où se situent les limites du multiservices.

L’algorithme dans le cloud

La transmission d’énergie fait partie des nouveaux services proposés par ce réseau. Explication ? Les signaux radio alimenteraient dans un rayon de quelques mètres des dispositifs peu gourmands en termes de puissance et non équipés de batteries, comme des capteurs de sécurité mesurant les mouvements au sein d’une foule par exemple. Autre service : les opérations de calcul. Se géolocaliser avec un objet de type smartwatch ou smartphone est aujourd’hui possible, mais les opérations calculatoires qui servent à transformer les données dévorent à grandes dents l’autonomie dudit objet. L’équipe du professeur Vandendorpe a imaginé ‘soustraiter’ ces calculs en local via le point d’accès au réseau, ou la station de base (l’équivalent d’un modem), l’algorithme étant hébergé dans le cloud ou le fog, alternative permettant une meilleure réactivité. Un prototype de station de base expérimentale est au centre des réflexions pour tester plusieurs méthodes d’infrastructure. Les missions des autres équipes universitaires, aux expertises déjà démontrées aux côtés de l’UCL lors d’un précédent Pôle d’Attraction Inter-Universitaire (PAI), se diviseront entre l’équipement de stations de base d’un grand nombre d’antennes pour la KU Leuven, la conception de noeuds capables de consommer la puissance la plus faible possible pour l’UGent, et les techniques de localisation pour l’ULB. Les 2,4 milliards de smart devices présents sur terre en 2025 se connecteront-ils au réseau multiservices mis au point à l’université ?

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Pauline Volvert, journaliste freelance

Crédit photo : Alexis Haulot

Article paru dans le Louvain[s] de juin-juillet-août 2018