45e Journée d'étude du RMBLF

LARHIS Louvain-La-Neuve

23 mai 2022

9h00-17h30

Bruxelles

Boulevard du Jardin Botanique, 43

Norbert Elias, Charles Tilly, Jack Goody, ou encore, plus récemment, James C. Scott : ce ne sont là quelques chercheurs en sociologie, ethnologie et sciences politiques dont les travaux ont largement contribué au développement de la sociologie historique et sont bien connus parmi les historiens et historiennes médiévistes. Et pour cause, puisque la sociologie historique a élaboré de grands modèles explicatifs de l’évolution des sociétés humaines jusqu’à nos jours : qu’il s’agisse de comprendre la société de cour, les origines de l’État moderne, les révolutions de l’écrit ou encore les rapports de domination et de résistance à celle-ci, les sociologues ont rassemblé des données historiques pour les mettre en parallèle et, parfois, saisir un « sens de l’histoire ». D’autres, s’ils ne se sont pas lancés dans l’élaboration de modèles de développement des sociétés humaines, ont néanmoins fourni des concepts utiles pour interroger les sociétés du passé : que l’on pense ici aux différentes formes de capital distinguées par Pierre Bourdieu, au concept de closure élaboré par Frank Parkin, ou encore à la nation comme communauté imaginée telle que définie par Benedict Anderson. Enfin, développées en un premier temps parmi les critiques littéraires (Edward Saïd, Homi Bhabha, Gayatri Spivak e.a.), les études postcoloniales tendent elles aussi à articuler plusieurs disciplines des sciences humaines et sociales pour étudier les rapports aux altérités.

Depuis l’École des Annales, à tout le moins, les historiens médiévistes ont, quant à eux, revendiqué un lien avec les sciences sociales, que ce soit par leurs objets d’études ou, plus tardivement, par les concepts d’analyse mis en oeuvre pour les étudier, voire même en s’associant au sein d’institutions telle l’École des Hautes Études en Sciences Sociales. Ainsi, les travaux de Norbert Elias ont-ils contribué à l’étude des sociétés de cour, d’abord modernes, certes, mais aussi, plus récemment, médiévales. De même, les États pré-modernes ont-ils pu être envisagés sous l’angle de l’émergence d’un monopole de la violence légitime ou encore de la nation. Dans l’analyse de nombreuses sociétés alto-médiévales d’Europe occidentale, les pratiques du don et du contre-don ont été définies à partir des travaux de Marcel Mauss. Les théories postcoloniales trouvent également peu à peu un écho auprès des médiévistes, notamment dans l’étude du rapport à l’Orient ou de la porosité des frontières médiévales (Sharon Kinoshita). Il n’en reste pas moins que les historiens médiévistes ont oscillé entre réticence face à des modèles parfois jugés téléologiques, d’une part, et affinage de ceux-ci par des études de cas particuliers mettant en perspective similitudes et divergences à différentes échelles, d’autre part. 

Destinée à mettre en dialogue des chercheuses et chercheurs, tant jeunes que plus confirmé·e·s, cette 45e journée du Réseau des médiévistes belges de langue française se déroulera le 23 mai à l’Université Saint-Louis – Bruxelles. À partir d’études de cas touchant, parmi d’autres, à l’idée de nation, à la question de la domination ou encore à la représentation des émotions, elle aura pour objectif de mener une réflexion actualisée, d’une part, sur les emprunts conceptuels et méthodologiques réciproques entre médiévistique et sciences sociales et, d’autre part, sur les obstacles qui se dressent face à ces emprunts et sur les différences marquant ces multiples approches du Moyen Âge par le biais des sciences sociales.

Si vous souhaitez participer à cette rencontre, il est indispensable de vous inscrire avant le 16 mai 2022, via ce FORMULAIRE D'INSCRIPTION