C’est grâce aux mots que l’on cesse d’être seul face à la mort. Mais d’abord, ils manquent : quand la mort s’abat, elle abasourdit, elle frappe de mutité. On bredouille des convenances pour ne pas sombrer dans le vide du silence. C’est alors que les écrivains peuvent nous venir en aide et répondre au besoin de faire sens pour que quelque chose soit sauvé du gouffre. Face à la tombe, que ce soit pour exprimer le déchirement de la séparation ou les valeurs que représente l’être disparu, la littérature, par un usage de la parole qui agit subtilement sur les affects, donne aux endeuillés une voix et le sentiment d’une communauté. Elle est ainsi au cœur de ce qui constitue le propre de l’humanité, seul être vivant à honorer ses morts.
Cet essai présente la façon dont la littérature (qu’il s’agisse de romans, de poésie, de théâtre, de chansons, etc.) se met en action pour tenter de dépasser la mort, depuis la possibilité de résister à la sidération dans le choc de la confrontation à l’irrémédiable jusqu’à la commémoration sereine avec le recul des années, en passant par l’accomplissement des différentes étapes du deuil. Il montre aussi comment les écrivains prennent en charge des fonctions que les discours institutionnels ou médiatiques ne peuvent pas assumer, comme dresser la stèle manquante des effacés de l’Histoire, exprimer l’inavouable, apprivoiser sa propre mort. Il fait droit également aux supports d’expression que la littérature contemporaine s’allie : la musique, l’image et les créations numériques.
À noter
Pour approcher la mort, la littérature et la musique sont depuis toujours des alliées. Chacun des chapitres de cet ouvrage est dès lors accompagné d’une plage musicale choisie par Myriam Watthee-Delmotte pour sa résonance avec les thématiques évoquées. Une playlist de dix titres en édition numérique, à partir du catalogue du label Cypres, est disponible en écoute libre par QR-code à l’adresse :
www.cypres-records.com
CYP4503 | Dépasser la mort
Éditions Acte Sud, format : 11,5 x 21,7 cm / 272 pages / 21 €