Rite et création

En quoi peut-on associer rite et création ? Le rite, pilier des sociétés traditionnelles, est souvent compris dans le contexte contemporain comme synonyme de code, de reprise, et facilement connoté de routine et de clôture sur soi. Le rite fait aussi les frais du rejet du religieux auquel il est parfois exclusivement associé, alors que c’est l’ensemble de la vie ordinaire qui repose sur des rites. Parmi ceux qui scandent le quotidien, on note pourtant l’apparition de rites inédits. Ainsi, de nos jours, internet régule les échanges professionnels autant que les initiatives privées, modifiant sensiblement les codes de la socialité, ne fût-ce que par la possibilité qu’il offre d’interactions désynchronisées ou par le biais d’avatars. Plusieurs spécialistes des rites défendent cependant l’idée selon laquelle les rites dits « nouveaux » n’innovent en fait que de manière superficielle, et reproduisent des recettes anciennes : qu’en est-il ? Spécifiquement, la création littéraire et artistique n’est-elle pas fortement ritualisée et génératrice de rites qu’il convient de décoder pour saisir la nature symbolique du parcours accompli ?

Ce colloque interrogera la potentialité créatrice des rites et la dynamique rituelle de la création artistique. On mettra en débat, sur le plan théorique, en quoi les contraintes formelles et symboliques du rite peuvent être des creusets de l’inventivité dans leur usage. On observera quelles innovations de surface ou de profondeur ils tolèrent ou peuvent encourager. On envisagera en particulier les rites qui régulent la création esthétique, c’est-à-dire les lettres et les arts contemporains. Dans une optique de perspectivisme méthodologique, on analysera comment les pratiques créatives s’ancrent dans la ritualité, et on évaluera en quoi cette composante permet de comprendre leur efficacité.

À l’occasion du colloque, sortie de presse de l’ouvrage Rituels en action de Bruno Sibona (dir.), Louvain-la-Neuve, E.M.E., « Esthétique et spiritualité ». Présentation et cocktail le jeudi 2 novembre à 18h15.

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