PROPHILE (Philosophie et littérature)

CRI

Le Programme de recherches en philosophie de la littérature (PROPHILE) a été créé en novembre 2000 par Michel Lisse. L’objectif général de ce programme est d’étudier la présence et le fonctionnement de concepts « importés » de la tradition philosophique vers la littérature ou, inversement, de concepts littéraires élargis au champ philosophique d’abord, à d’autres sphères sociétales ensuite (droit, politique, économie…). Le PROPHILE s’est engagé dans un travail de relecture critique de discours philosophiques et littéraires fondamentaux, afin de dégager l’histoire, les présupposés, les enjeux et implications de certains concepts fondateurs de notre modernité, parmi lesquels figure celui d'auteur. Cette approche de la littérature, qui se démarque des approches traditionnelles historique ou théorique, relativement neuve en Europe, se rattache au courant américain des nouvelles Humanités (Humanities) ou de la Theory, archi-discipline qui fait appel à la philosophie, la psychanalyse, la littérature, le droit… Plutôt que d’interdisciplinarité, nous préférons parler d’une confrontation des différents domaines du savoir et de la culture. Dans le futur proche, il s’agit de poursuivre ces activités de recherches avec pour triple objectif de mettre sur pied un réseau international de chercheurs en philosophie de la littérature, de créer un "observatoire" Internet et de devenir un centre de recherches à part entière, afin de pouvoir proposer une formation en philosophie de la littérature avant le 3e cycle. 

Responsable

Michel Lisse : licencié en philologie romane, puis en philosophie, docteur en philosophie et lettres, il se spécialise depuis plusieurs années dans l’étude de l’œuvre de Jacques Derrida. Il a participé aux colloques de Royaumont (1990) et de Cerisy (1992) consacrés à ce dernier. En 1995, il a organisé un colloque international intitulé Passions de la littérature. Avec Jacques Derrida dont les actes ont été publiés sous sa responsabilité chez Galilée en 1996. Théoricien de la littérature, sa thèse doctorale a porté sur la problématique de la lecture. Il est également spécialiste des lettres belges de langue française. Depuis octobre 1999, il est chercheur qualifié F.N.R.S. à l’UCLouvain.

Domaines de recherche

Le concept d’auteur littéraire de l’Antiquité à l'époque contemporaine 

L’auteur en littérature, intimement lié au concept de " sujet ", est une invention de la modernité. Quels étaient sa fonction et son statut avant le XVIIIe siècle, qui l’a fait naître juridiquement ? Qu’est-il devenu à la fin du XXe siècle et au XXIe siècle, dans une période qui voit se produire en philosophie, sociologie, littérature… des gestes de déconstruction de la subjectivité ? À partir de l’auteur, mais au-delà de lui, il s’agit de définir le noyau dur de l’énonciation littéraire et de fournir les outils philosophiques, historiques, juridiques, sociologiques et analytiques nécessaires pour répondre à la question "Qui écrit ?" dans le texte littéraire.

Théories de la lecture

Étudier les différentes théories contemporaines de la lecture (Barthes, Blanchot, Calvino, Chambers, Charles, Chartier, Dällenbach, de Certeau, de Man, Derrida, Dufays, Eco, Finas, Gervais, Iser, Jauss, Jouve, Kundera, Leenhardt, Lyotard, Otten, Picard, Rifaterre, Roelens…) pour élaborer un vaste tableau synthétique. Travail d’études accompagné d’une recension bibliographique permanente afin de suivre au mieux l’évolution des recherches dans ce domaine.

Histoires de la lecture, histoire des lectures

Tout d’abord, dans une perspective interdisciplinaire (philosophique, linguistique, psychanalytique, sociologique), retracer une histoire de la lecture en Occident. Ensuite, interroger les cultures et civilisations juive, islamique, africaine, précolombienne, orientale, extrême-orientale au sujet de leurs traditions de lectures. Enfin, mesurer si la colonisation a occulté ou fait disparaître les traditions de la lecture autres que celle existant en Occident.

Représentations de la lecture en littérature

Analyser dans des œuvres de fiction les "scènes de lecture", les récits de lecture, les allégories de la lecture… et examiner si leur auteur a traité de la lecture de manière théorique (dans sa correspondance, par exemple). Recherche menée à travers l’histoire des littératures francophones chez de nombreux auteurs (Montaigne, Pascal, Diderot, Potocki, Balzac, Nodier, Lautréamont, Proust, Gide, Claudel, Ponge, Sartre, Jabès, Blanchot, Willems, Thinès, Butor, Jorif, Djian, Ben Jelloun, Tremblay, Pennac…). Ouverture aux littératures non francophones : Calvino, Cortázar, Vargas Llosa, Roa Bastos, Joyce, Auster, Kafka.

Représentations de la lecture dans les arts plastiques

Recherche en théorie littéraire appliquée développée dans le domaine de l’histoire de l’art. Étude des nombreuses scènes de lecture en peinture qui mettent en évidence la solitude du lecteur, son attitude corporelle, l’objet de sa lecture, la lecture à autrui, la lecture et la folie… Dans cette perspective, on utilise, entre autres, les travaux de Michael Fried (Absorption and Theatricality. Painting and Beholder in the Age of Diderot, Courbet's Realism). Le même genre de recherche sera appliqué à la sculpture, qui, par le biais de monuments funéraires ou de statues commémoratives, a aussi mis en scène la lecture.

Le contretemporain poétique

Étudier le rapport de la poésie au monde contemporain, avec ou contre quoi elle s’écrit. Divers points de vue sont envisagés : poésie et technologies, poésie et économie, poésie et philosophie, poésie et science, poésie et politique, poésie et poésie.