La Rectrice de l'Université catholique de Louvain fait savoir que
Nadège Carlier
soutiendra publiquement sa dissertation pour l'obtention du titre de Docteur en sciences politiques et sociales
"Harmony Is Not Unison: Collective Learning in Municipal Collaborative Networks in Europe"
Abstract
This research explores the concept of collective learning and the conditions for its occurrence within municipal collaborative networks. Collaborative governance, characterized by horizontal coordination and collective purpose, is posited to offer specific advantages for public policies, particularly when addressing cross-cutting issues. These advantages include the development of more coherent, innovative, and legitimate policies through the integration of diverse perspectives and expertise. However, many collaborative governance processes fail to realize these benefits, prompting this research to investigate the role of collective learning.
Collective learning is defined as broadened and mutual understanding of the issue at hand as a consequence of repeated social interactions. This concept is two-dimensional, encompassing individual learning and mutual understanding. Individual learning involves the acquisition of new knowledge by participants, while mutual understanding refers to the awareness of each other’s beliefs (without complete necessarily agreement).
This study addresses the conditions that facilitate collective learning within collaborative networks, focusing on three key elements: diversity, deliberative activities, and informal interactions. Diversity, while theoretically enhancing learning through a broader range of perspectives, can also pose challenges such as mistrust and communication issues. Deliberative activities are examined for their potential to foster learning through qualitative exchanges during formal meetings. Informal interactions, occurring outside formal meetings, are identified as crucial venues for the circulation of information and potentially controversial opinions.
The research employs a comparative case study design, analyzing eight collaborative networks across four European cities. These networks address various cross-cutting issues, such as sustainable public procurement, diversity in municipal personnel, mobility, discrimination, climate change adaptation, and urban renovation. Data collection involved extensive interviews and the innovative use of mental models to measure collective learning, as well as Social Network Analysis to capture informal interactions.
The findings highlight the relevance of mutual understanding for collective learning and demonstrate the effectiveness of mental models as a measurement tool. The research contributes to the theoretical conceptualization of the interplay between individual and collective learning levels and provides empirical evidence from local collaborative networks.
Our findings indicate that fostering collective learning is extraordinarily complex. It can only occur when several facilitating conditions are present. Firstly, diversity stands out as a necessary element. In particular, subjective diversity contributes to individual policy learning, while objective diversity particularly favors relational learning. Secondly, interactive formal meetings are absolutely crucial for mutual understanding, as they allow for the exchange of views. To strive for deliberation, coordinators must carefully organize formal meetings. Finally, informal relationships indirectly facilitate collective learning by improving relational capital, which is particularly useful is siloed contexts. In addition, we observed that individual attitudes toward collaboration and learning significantly influence individual and thus collective learning. Typically, participants who present themselves as experts tend to report less individual learning.
Résumé
Cette recherche explore le concept d'apprentissage collectif et les conditions de son apparition au sein des réseaux collaboratifs municipaux. La gouvernance collaborative, caractérisée par une coordination horizontale et un objectif collectif, est supposée offrir des avantages spécifiques aux politiques publiques, en particulier lorsqu'elles traitent de questions transversales. Ces avantages incluent le développement de politiques plus cohérentes, innovantes et légitimes grâce à l'intégration de perspectives et d'expertises diverses. Cependant, de nombreux processus de gouvernance collaborative ne parviennent pas à concrétiser ces avantages, ce qui m’a incité, dans cette recherche, à étudier le rôle de l'apprentissage collectif.
L'apprentissage collectif est défini comme une compréhension élargie et mutuelle de la problématique traitée à la suite d'interactions sociales répétées. Ce concept est bidimensionnel et englobe l'apprentissage individuel et la compréhension mutuelle. L'apprentissage individuel implique l'acquisition de nouvelles connaissances par les participants, tandis que la compréhension mutuelle fait référence à la prise de conscience des croyances des uns et des autres (sans qu'il y ait nécessairement accord complet).
Cette étude porte sur les conditions qui facilitent l'apprentissage collectif au sein des réseaux collaboratifs, en se concentrant sur trois éléments clés : la diversité, les activités délibératives et les interactions informelles. La diversité, bien qu'elle favorise théoriquement l'apprentissage grâce à un plus large éventail de perspectives, peut également poser des problèmes tels que la méfiance et les problèmes de communication. Les activités délibératives sont examinées pour leur potentiel à favoriser l'apprentissage par le biais d'échanges qualitatifs au cours de réunions formelles. Les interactions informelles, qui ont lieu en dehors des réunions formelles, sont identifiées comme des lieux cruciaux pour la circulation des informations et des opinions potentiellement controversées.
La recherche utilise un modèle d'étude de cas comparatif, analysant huit réseaux de collaboration dans quatre villes européennes. Ces réseaux abordent diverses questions transversales, telles que les marchés publics durables, la diversité du personnel municipal, la mobilité, la discrimination, l'adaptation au changement climatique et la rénovation urbaine. La collecte des données s'est appuyée sur des entretiens approfondis et sur l'utilisation innovante de modèles mentaux pour mesurer l'apprentissage collectif, ainsi que sur l'analyse des réseaux sociaux pour saisir les interactions informelles.
Les résultats soulignent l'importance de la compréhension mutuelle pour l'apprentissage collectif et démontrent l'efficacité des modèles mentaux en tant qu'outil de mesure. La recherche contribue à la conceptualisation théorique de l'interaction entre les niveaux d'apprentissage individuel et collectif et fournit des preuves empiriques à partir de réseaux de collaboration locaux.
Nos conclusions indiquent que la promotion de l'apprentissage collectif est extraordinairement complexe. Il ne peut se produire que lorsque plusieurs conditions favorables sont réunies. Tout d'abord, la diversité apparaît comme un élément nécessaire. En particulier, la diversité subjective contribue à l'apprentissage des politiques individuelles, tandis que la diversité objective favorise particulièrement l'apprentissage relationnel. Deuxièmement, les réunions formelles interactives sont absolument cruciales pour la compréhension mutuelle, car elles permettent l'échange de points de vue. Enfin, les relations informelles facilitent indirectement l'apprentissage collectif en améliorant le capital relationnel, ce qui est particulièrement utile dans les contextes cloisonnés. En outre, nous avons observé que les attitudes individuelles à l'égard de la collaboration et de l'apprentissage influencent considérablement l'apprentissage individuel et, partant, l'apprentissage collectif. En règle générale, les participants qui se présentent comme des experts ont tendance à faire état d'un apprentissage individuel moindre.
Promoteurs: David Aubin et Stéphane Moyson
Président du jury: Christian de Visscher
Membres du jury:
Andrea Gerlak (University of Arizona)
Philipp Trein (Université de Lausanne)
Ellen Wayenberg (Ghent University)