Le Pr Stefan Constantinescu, chercheur à l’Institut de Duve de l’UCLouvain, a reçu le Prix de la Fondation Alexandre et Gaston Tytgat. Ce prix important est remis tous les trois ans à des chercheur·es, francophones et flamands, en soutien aux recherches qu’ils mènent contre le cancer.
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Le 27 novembre dernier, Stefan Constantinescu, professeur à la Faculté de médecine et médecine dentaire de l’UCLouvain et chercheur à l'Institut de Duve et au Ludwig Institute for Cancer research Brussels, a reçu le 15e Prix de la Fondation Alexandre et Gaston Tytgat d’un montant de 25 000 €. Ce prix, national, entend soutenir la recherche contre le cancer.
Des centaines de milliards de cellules sanguines
« Chaque jour, explique le Pr Constantinescu sur le site Clap for Research de l’Institut de Duve, notre organisme produit des centaines de milliards de cellules sanguines qui transportent l’oxygène vers les tissus, nous protègent contre les infections et permettent la coagulation du sang en cas de blessure. Toutes ces cellules se forment à partir d’une cellule souche sanguine (‘hématopoïétique’) via un processus appelé différenciation. » Le laboratoire du Pr Constantinescu a identifié des mutations génétiques acquises qui provoquent la surproduction de certaines de ces cellules sanguines de manière chronique et peuvent entraîner un cancer du sang très grave appelé ‘leucémie myéloïde aigue secondaire’.
Des cancers fréquents
« Nous avons identifié comme cibles de ces anomalies génétiques », poursuit le chercheur, « des protéines exprimées par les cellules souches qui sont intimement impliquées dans l’apparition de cancers chroniques du sang, appelés les néoplasmes myéloprolifératifs ou NMPs. Ces cancers sont fréquents chez les personnes âgées (1 individu sur 5 000). » Les NMPs sont des maladies qui peuvent causer une thrombose (caillot de sang bloquant les vaisseaux sanguins) abdominale, cérébrale, ou même un infarctus du myocarde (bien que la cause primaire soit d’origine hématologique).
Pour le lauréat du prix Tytgat, il est essentiel de détecter les néoplasmes myéloproliferatifs (NMPs) le plus précocement possible afin de les traiter de manière efficace et avant leur évolution possible en leucémie myéloïde aigue secondaire.
Bloquer ces protéines cibles
« Dans notre laboratoire, nous souhaitons bloquer ces protéines cibles qui sont présentes à la surface des cellules comme des antennes, et prévenir ainsi l’apparition de ces cancers chroniques du sang. » Pour cela, les chercheurs analysent la structure de ces protéines au niveau atomique (10-10 m) afin de développer un mécanisme visant à bloquer leurs activités. La technique utilisée consiste à mesurer l’échange entre des atomes d’hydrogène présents naturellement dans la protéine et des atomes de deutérium qui peuvent remplacer les atomes d’hydrogène mais uniquement dans les zones accessibles de la protéine. « Cette technique nous permet de comprendre le fonctionnement de ces protéines en détail et d’identifier les zones accessibles, et donc vulnérables, qui pourraient être ciblées pour réduire leurs activités. Elle permet également de comprendre comment des protéines mutantes interagissent avec ces protéines ‘antennes’ provoquant ainsi la surproduction de cellules sanguines. »
Une cartographie
Nicolas Papadopoulos, doctorant au laboratoire, a déjà réussi à cartographier les zones de contacts entre une des principales protéines mutantes provoquant les NMPs et ces protéines ‘antennes’. Cette cartographie pourra être ensuite utilisée pour développer des traitements spécifiques visant à bloquer cette interaction pathologique et ainsi empêcher le développement de NMPs. Pour établir et développer cette approche de haute technologie pour les cibles hématologiques, le laboratoire travaille avec Didier Vertommen qui dirige la plateforme de spectrométrie de masse à l’Institut de Duve.
http://www.fondationtytgat.com/
Le Pr Stefan Constantinescu est un des ambassadeurs de la campagne de crowfunding de l’Institut de Duve, Clap for Research