Nous avons le regret de vous annoncer le décès du professeur Jean-Philippe Peemans qui nous a quitté ce 21 janvier.
En décembre encore, il animait les rencontres de l’Ecole doctorale thématique en études du développement et participait aux séminaires du Centre d’Etudes du Développement (IACCHOS). Il nous y partageait, toujours avec délicatesse, ses perspectives et ses réflexions, articulant la place des acteurs du bas, le caractère crucial du temps long, le bien être des territoires, piliers de cette économie populaire, économie politique critique du développement qu’il a fondée et approfondie tout au long de ces plus de cinquante années de recherche et de terrain.
Sa retenue a empêché que l’on qualifie ses travaux d’ « Ecole de l’économie populaire de Louvain » mais son apport n’en est pas moins majeur.
Comment les pratiques populaires séculaires développent-elles des formes de gouvernance locale et domestiques face à la globalisation ? Comment une perspective historique de longue période basée sur l’analyse des rapports société-nature permet de distinguer la transition écologique et le concept de développement ? Pourquoi replacer les problématiques agricole et rurale et la paysannerie au cœur du développement s’avère nécessaire à la construction de territoires de vie durables, tant dans les Suds qu’au Nord ? Est-ce que le développement réel de ce début de XXIème siècle ne tend pas à éroder voire à dissoudre les capacités des acteurs populaires ? Telles sont quelques-unes des interrogations fondamentales que ses derniers travaux ont traitées.
Jean-Philippe a élaboré cette économie populaire, tant à partir des Suds – avec un rôle particulier joué par le Congo – que de Bruxelles ou de l’Europe. Présent au sein de réseaux internationaux de premier ordre, il a structuré ses travaux dans de multiples publications, souvent collectives, et encadré des dizaines de doctorants à faire leur ces apports.
A l’écoute, il l’a été tout au long de sa carrière de professeur, promoteur de mémoires et directeur de thèses, ici à l’Université Catholique de Louvain – à Leuven puis à Louvain-la-Neuve -, en Europe, de l’est et de l’ouest, en Amérique latine, en Asie – notamment au Vietnam ou en Corée - ou encore en Afrique.
Jean-Philippe laisse des articles inachevés, des pistes à approfondir, des engagements à perpétuer ; à nous de continuer à faire fructifier le tout !
Nous nous donnons rendez-vous d’ici quelques semaines pour que nous qui avons eu la chance de le rencontrer, en tant qu’étudiants, collègues, amis, nous puissions nous retrouver autour de son travail.