Testimony by Pierre Pestieau

Pierre

Pestieau

Suite au décès de Jacques, on a pu lire de nombreux témoignages. Je ne sais trop qu’ajouter à cette avalanche de marques d’admiration et d’amitié. Tout ce que je peux faire, c’est de rapporter quelques anecdotes qui illustrent la générosité de cet homme exceptionnel.
En 1964, à la fin de ce que l’on appelait alors la licence, j’ai dû interrompre mes études pour reprendre la ferme familiale Mon père venait de décéder laissant derrière lui dix enfants dont la majorité étaient mineurs. Après plus d’un an, j’ai repris le chemin de l’université sans trop savoir que faire. Je suis allé voir Jacques qui m’a aussitôt proposé de m’inscrire à la maîtrise en économie mathématique qui venait d’être créée et qui surtout m’a trouvé un financement. C’était les débuts du CORE. J’ai ainsi connu de très bons compagnons parmi lesquels Lise et Camille et Lise Bronsard, Bob Deschamps et Juan Antonio Morales. Un an plus tard, alors que je passais beaucoup de temps à faire la révolution en chambre avec mes amis brésiliens, Jacques m’a fait une réflexion que je garde en mémoire : « Pierre, si tu veux gâcher ton intelligence, continue comme cela. Sinon, tu dois partir aux États Unis ». A contre-cœur, j’ai suivi son conseil et me suis retrouvé à Yale pour des études de doctorat. A la fin de ce cycle, je suis allé enseigner à Cornell où Jacques obtint la prestigieuse chaire Andrew D. White. Je me souviens de l’avoir accueilli à l’aéroport de Syracuse pour l’amener à Ithaca dans ma vieille coccinelle. Il me dit à cette occasion qu’une des grandes joies qu’il éprouvait était d’être ainsi reçu par ses anciens étudiants dans des endroits plus ou moins lointains.. Quelques années plus tard, sachant que je ne voulais pas rester aux États Unis, il m’a écrit me disant qu’un poste était ouvert à Liège et qu’il était prêt à en assurer les enseignements en attendant mon retour. C’est ainsi que je suis rentré en Belgique avec une place que Jacques m’avait chauffée.
A ces occasions comme dans d’autres, j’ai pu bénéficier, comme beaucoup, de son appui désintéressé et généreux. Pour cela, je lui suis infiniment reconnaissant.

Pierre Pestieau