Il y a trois ans, les inondations nous plongeaient dans l’enfer et la sidération. Le traumatisme est encore là, mais, en parallèle, de nombreuses démarches constructives ont rapidement émergé pour mieux faire face à ce type d’épisode pluvieux à l’avenir. Parmi les acteurs de cette transition, des chercheur.e.s de l’UCLouvain œuvrent à déterminer les solutions concrètes et efficaces pour éviter des dégâts tels que ceux vécus en 2021.
Trois années ont passé et beaucoup d’eau a coulé sous les ponts au sens propre comme au figuré, mais les inondations de 2021 sont encore très vives dans l’esprit des Belges. Cette catastrophe naturelle, la plus meurtrière de l’histoire de notre pays, a marqué un tournant dans notre rapport aux forces de la nature et aux conséquences des dérèglements climatiques sur nos vies. Épargnés jusqu’ici, nous avons vécu l’impensable et nous avons pris toute la mesure de notre vulnérabilité face à la probabilité de survenue et l’intensité croissantes de ce type d’évènement à l’avenir.
Heureusement, l’homme a une extraordinaire capacité à s’adapter activement aux défis auxquels il est confronté. Et ce notamment grâce à la recherche scientifique. C’est précisément pour répondre aux défis sociétaux de ce genre que l’UCLouvain a créé il y a plus de 10 ans les Louvain4, des plateformes de recherche pluri- et transdisciplinaire qui rassemblent des chercheur·e·s d’horizons différents au sein de l’UCLouvain autour d’un même enjeu sociétal stratégique. Leur but ? Apporter des réponses concrètes aux grandes problématiques de notre époque.
En ce qui concerne les inondations de 2021, les chercheur.e.s du Louvain4City et du Louvain4Water étudient les questions soulevées par ce drame et les solutions pour éviter ou limiter les dégâts si de tels épisodes pluvieux se reproduisent. C’est ainsi que Jean-Philippe De Visschere, architecte, et Chiara Cavalieri, architecte urbaniste, tous deux Professeurs à la Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale et d’urbanisme de l’UCLouvain ont organisé en 2022 dans le cadre de Louvain4Water une Table Ronde sur les inondations en Brabant Wallon, en collaboration avec la Maison de l’Urbanisme du Brabant Wallon et la Plateforme provinciale de gestion des risques d'inondation pour mener, déjà, une réflexion sur la gestion des inondations dans les zones de grands équipements, d’infrastructures et de développement immobilier.
Des tests impressionnants en laboratoire
Dans un autre registre, le laboratoire d’hydraulique du pôle de génie civil et environnemental (IMMC) dirigé par Sandra Soares Frazao, ingénieure hydraulicienne et Professeure à l’Ecole Polytechnique de l’UCLouvain, travaille main dans la main avec Buildwise, centre d’innovation pour le secteur de la construction. L’objectif ? Aider cet institut de recherche privé à établir des prénormes pour la construction résistante à l’eau dans des zones sujettes aux inondations dans le cadre du projet Flood pour lequel Buildwise a obtenu un financement fédéral de deux ans. « Un axe de nos recherches vise à évaluer la force des écoulements d’eau sur les bâtiments et/ou sur des obstacles isolés. Nous avons également trois travaux de fin d’études dont l’un a pour objectif de déterminer quels systèmes de barrière à placer devant les portes des maisons sont les plus efficaces pour ralentir ou empêcher l’eau d’entrer dans les bâtiments en cas d’inondation ».
Des recherches menées dans d’impressionnantes infrastructures, à l’UCLouvain ou chez Buildwise, permettant de générer des écoulements d’eau plus ou moins violents, au plus proche de ce qui est observé sur le terrain en cas d’inondation.
Evaluation de la force d’écoulement d’eau sur un obstacle au Laboratoire Essais Mécaniques, Structures et génie Civil (LEMSC) de l’UCLouvain.
Essais sur les barrières de protection réalisés dans le labo de Buildwise à Limelette, dans le cadre du travail de fin d’études d’un.e étudiant à l’UCLouvain.
La modélisation au service de l’aménagement du territoire
Un autre point fort du laboratoire d’hydraulique à l’UCLouvain : l’expertise en modélisation hydraulique. « Nous travaillons avec le CREAT, le centre de recherche et d’action pour le territoire de l’UCLouvain, sur les volets hydraulique et hydrologique de ce qui s’est passé à Rochefort, Marche, Nassogne et Theux », poursuit Sandra Soares Frazao. « Nos collègues du CREAT proposent des aménagements de territoire et nous pouvons évaluer ces propositions grâce à la modélisation. Ce qui donne beaucoup de sens puisque l’on peut alors mettre notre expertise et nos modèles théoriques au service d’une cause pratique ».
C’est ainsi que Sandra Soares-Frazão a été invitée à participer au débat qui a suivi la projection du documentaire « Après la pluie… » ce 24 juin au Cinéscope de Louvain-la-Neuve. Dans ce documentaire de Quentin Noirfalisse et Jérémy Parotte, en salle depuis le 5 juin en Wallonie et à Bruxelles, on suit les équipes qui vont à la rencontre des personnes sinistrées, des pouvoirs locaux, des citoyens, du monde associatif, des naturalistes, des urbanistes, des artistes,…Pour entendre et comprendre en vue de tracer, ensemble, un nouveau plan d’avenir pour le bassin-versant de la Vesdre en tenant compte de la réalité du terrain. Ces réflexions résonnent aussi en Barbant Wallon, et le débat qui a suivi la projection s’est avéré très riche.
Loin d’être exhaustifs, ces quelques exemples illustrent les liens indéfectibles et indispensables entre sciences et société, chercheur.e.s et citoyens, l’UCLouvain et sa responsabilité sociétale que notre université tisse depuis des années et met au cœur de ses priorités pour relever les défis de notre époque.
Travaux de recherche de l’équipe de la Professeure Sandra Soares-Frazão sur la force des écoulements d’eau en laboratoire.