L’emploi senior : mesures peu efficaces

Les autorités publiques ont depuis des années mis en place des mesures visant à relever le taux d’emploi des seniors. Mais ont-elles eu un effet? Une étude de l’UCL (IRES) et de l’UGent est très réservée.

Muriel Dejemeppe et Bruno Van der Linden, professeurs et chercheurs à l’Institut de recherches économiques et sociales de l’UCL et Bart Cockx (Université de Gand), ont étudié les mesures visant à relever le taux d’emploi des seniors dans le cadre d’un contrat avec le SPP Politique scientifique fédérale.

Concernant l’impact global de cette politique, les chercheurs constatent que l’essentiel de la croissance du taux d’emploi des seniors entre 2007 et 2008 s’explique par la bonne croissance économique et l’évolution tendancielle du taux d’emploi à l’œuvre bien avant 2007.

Ceci dit, même si, prises globalement, les mesures n’ont guère eu d’effets, ceci n’exclut pas que des politiques spécifiques aient été efficaces, le cas échéant sous certaines conditions et seulement pour des sous-groupes déterminés.

Les baisses de charges permanentes pour les seniors en emploi. Au cours du second trimestre de 2016, les cotisations sociales patronales ont été réduites pour 183.000 équivalents temps plein âgés. Ces baisses de charges sociales ont coûté à l’État, soit environ 0,1% de notre produit intérieur brut. Les chercheurs établissent que la mesure n’a relevé le taux d’emploi de ces travailleurs que de 0,4 points de pourcentage et que cet effet n’est pas sensible sur le plan statistique. Ils concluent cependant que cette baisse de charge ralentit de manière sensible la sortie de l’emploi du sous-groupe des travailleurs qui autrement seraient partis en prépension. Pourquoi ces maigres résultats? Ils estiment que «la baisse de charges est insuffisamment ciblée sur les bas salaires».

Le crédit-temps de fin de carrière. Les chercheurs constatent que l’effet est positif au début mais s’estompe ensuite. Explication? Les périodes de crédit-temps étant assimilées à des périodes de travail, la pension anticipée est rendue attractive, ce qui n’échappe pas aux travailleurs.

Le relèvement de l’âge légal de la retraite. Les chercheurs de l’UCL et de l’UGent pointent le fait que ce relèvement est positif… mais très faible. Comme l’écrit Le Soir, «aussi longtemps que l’âge effectif de la sortie du marché du travail demeurera sous l’âge légal de la retraite, les chercheurs s’attendent à ce que les relèvements de l’âge légal n’atteignent pas leurs objectifs».

Institut de Recherches Economiques et Sociales

 

Publié le 20 février 2017