Une étude sur la mobilité internationale des étudiants

Michel Beine, professeur d’économie à l’Université du Luxembourg, associé à l’IRES, signe un nouveau numéro de Regards économiques sur les causes et déterminants de la mobilité internationale des étudiants.

« L’internationalisation du secteur de l’éducation supérieure est un phénomène incontestable qui s’inscrit dans le processus de globalisation », explique l’économiste. « Le nombre d’étudiants étrangers et leur proportion dans les universités des pays développés est en constante augmentation depuis les années septante. Le nombre d’étudiants étrangers a été multiplié par 5 en 40 ans. La Belgique n’échappe pas à la règle. »

En 2013, la Belgique comptait environ 45 000 étudiants en mobilité internationale dans l’enseignement de type supérieur, soit environ 10 % pour l’ensemble des niveaux d’études universitaires. C’est légèrement au-dessus de la moyenne européenne (9 %) et de celle des pays de l’OCDE (8 %). Sur ces 45.000 étudiants, environ 55 % étaient issus de pays appartenant à l’UE. La Communauté française accueille plus d’étudiants étrangers (21%) que la Communauté flamande (7 %), ce qui s’explique en grande partie par l’usage du français.

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Les décideurs politiques ont une vision souvent mitigée à ce sujet. Récemment, le gouvernement britannique a pris des dispositions visant à limiter le nombre d’étudiants étrangers dans les universités britanniques : en octobre 2016, Amber Ruud, ministre de l’Intérieur, déclarait vouloir couper par 2 le nombre d’étudiants extra-européens qui s’élevait alors à 167 000.

Contrairement à de nombreux pays de l’OCDE, la Belgique et le Luxembourg n’autorisent pas les étudiants étrangers diplômés à rechercher un emploi sur leur territoire durant une certaine période. C’est d’autant plus handicapant que les pays limitrophes (France, Pays-Bas, Allemagne) offrent cette possibilité.

Or, souligne l’auteur, l’attraction d’étudiants étrangers comporte de nombreux avantages. Le numéro de Regards Economiques fait le point sur les effets économiques de la mobilité internationale des étudiants et pointe les facteurs qui peuvent influencer l’attractivité des universités vis-à-vis des étudiants extérieurs : l’octroi de visas aux étudiants extra-européens, la possibilité qui leur est donnée de s’insérer sur le marché du travail et, concernant les universités, les facteurs essentiels sont leur qualité perçue au niveau international, les droits d’inscription et le coût de la vie.

Michel Beine estime que les universités francophones sont relativement bien positionnées dans la compétition internationale mais qu’elles pourraient mieux profiter de la mobilité internationale des étudiants, notamment à travers une politique de montée en gamme. Un exemple de cette politique reposerait, explique-t-il, sur une stratégie de hausse des droits d’inscription pour les étudiants extra-européens, accompagnée d’un investissement de ces ressources supplémentaires dans les universités afin d’améliorer leur performance.

www.regards-economiques.be

Publié le 26 avril 2017