La construction de ParTICLe, le premier centre belge de protonthérapie, a commencé sur le site du Health Sciences Campus Gasthuisberg. La protonthérapie est une forme novatrice de radiothérapie qui endommage moins de tissu sain. Deux bunkers souterrains destinés aux traitements et à la recherche doivent satisfaire à des exigences extrêmement strictes en termes de sécurité et de radioprotection, érigeant leur construction et leur conception au rang de véritables performances technologiques. ParTICLe (Particle Therapy Interuniversity Center Leuven) est le fruit d’une collaboration clinique et scientifique entre cinq hôpitaux universitaires et leurs hôpitaux de réseau. Une première en Belgique, au même titre que la collaboration structurelle par-delà la frontière linguistique. Les premiers patients belges à bénéficier de la protonthérapie seront traités mi-2019.
La protonthérapie est une forme novatrice de radiothérapie qui irradie de manière très ciblée les tumeurs malignes, endommageant ainsi moins de tissu sain. Elle a le vent en poupe dans le monde entier pour le traitement du cancer chez des patients auprès desquels la précision de l’irradiation est importante, comme des enfants atteints du cancer, mais aussi des adultes souffrant d’un cancer situé près d’organes vitaux tels que le cerveau. Aujourd’hui, les patients qui entrent en ligne de compte pour la protonthérapie doivent se rendre dans des centres à l’étranger, le plus souvent à Heidelberg (Allemagne) et Zurich (Suisse). Les autorités belges prévoient une indemnisation au niveau des coûts des traitements, mais le voyage constitue une lourde dépense pour les patients. Mi-2019, les premiers patients pourront recevoir un traitement à Louvain. D’après les indications actuelles, on estime que les patients qui, en Belgique, entrent en ligne de compte pour la protonthérapie sont chaque année de 150 à 200. Ce nombre peut encore croître à l’avenir si de nouvelles indications sont définies pour la protonthérapie sur la base d’études cliniques-scientifiques.
Centre de recherche à temps plein
Le nouveau centre de protonthérapie se composera de deux parties : un espace pour le traitement clinique des patients et un bunker distinct pour la recherche de haute technologie. Chaque bunker est en outre équipé de son propre accélérateur de particules ou cyclotron. ParTICLe détient ainsi une longueur d’avance sur d’autres centres de protonthérapie en Europe, où la recherche doit avoir lieu en soirée et le week-end parce que l’appareil d’irradiation est réservé aux patients en journée. Grâce aux deux cyclotrons distincts installés dans des espaces séparés, les chercheurs de Louvain pourront aussi s’adonner à la recherche scientifique en journée. Cette recherche se penchera dans un premier temps sur le raffinement des rayons de protons et la façon de faire concorder au mieux l’imagerie, comme un CT-scan, et l’irradiation par protons.
Collaboration structurelle
Une telle collaboration entre cinq hôpitaux universitaires par-delà la frontière linguistique ne s’est jamais vue en Belgique. L’UZ Leuven, la KU Leuven, les Cliniques universitaires Saint-Luc et l’UCL investissent dans le nouveau centre de recherche et de traitement et, pour ce faire, collaborent avec l’UZ Gent, l’UZ Antwerpen et l’UZ Brussel. Les échanges avec d’autres hôpitaux non universitaires en Flandre et en Wallonie permettent aussi d’étendre le champ d’influence du nouveau centre : grâce aux réseaux qui s’articulent autour des cinq hôpitaux universitaires, ParTICLe peut atteindre 80 pour cent de tous les centres de radiothérapie de notre pays. Bien que le patient se rende à Louvain pour l’irradiation par protons, son propre médecin reste impliqué de près.
Les pouvoirs publics croient en un centre de protonthérapie bien équipé dans notre pays. Lors de la présentation officielle du centre le vendredi 28 avril 2017, les ministres Maggie De Block, Philippe Muyters et Jo Vandeurzen expliqueront pourquoi ils attachent autant d’importance à l’innovation et à la collaboration dans le domaine médical.
Architecture
Sur le site du Health Sciences Campus Gasthuisberg, le nouveau centre prend logiquement place à proximité de l’actuel service de radiothérapie-oncologie, du département de radiologie, du medical imaging research center et de la médecine nucléaire. Les appareils de protonthérapie seront livrés et installés par IBA, le leader du marché pour cette technologie. Le bâtiment lui-même constitue une impressionnante prouesse architecturale. Bien que les bunkers se trouvent presque entièrement sous terre, la lumière naturelle y pénètre par les patios. Des jardins-terrasses prennent place sur les toits des bunkers. Le bâtiment doit en outre satisfaire à des exigences extrêmement strictes en termes de sécurité et de radioprotection, érigeant la construction de ParTICLe au rang de véritable performance technologique.
Coût
Le coût total pour les bâtiments et les appareils d’irradiation s’élève à 45 millions d’euros. Le cabinet flamand pour l’innovation investit 5 millions d’euros dans ParTICLe. Les autorités fédérales promettent d’ores et déjà d’utiliser les moyens actuellement réservés à l’envoi de patients à l’étranger pour rembourser les traitements dans ParTICLe. Saint-Luc et l’UCL prennent en charge 6 millions d’euros, un montant qui provient en grande partie d’une levée de fonds. L’UZ Leuven et la KU Leuven supportent les autres coûts d’investissement et soulignent ainsi la nécessité d’un centre de protonthérapie dans notre pays.
Prof. Vincent Blondel, recteur de l'UCL : « Ce centre de protonthérapie conjugue des expertises pointues, celles de médecins et d'ingénieurs, afin de contribuer à sauver des patients atteints du cancer, notamment des enfants. C'est un magnifique exemple du service que l'université rend à la société.»
Prof. dr. Karin Haustermans, chef du service de radiothérapie-oncologie de l’UZ Leuven : « Malgré l’énorme progrès technique en irradiation chez les patients atteints du cancer, nous voyons encore beaucoup trop de rechutes et d’effets secondaires persistants. Parfois, des tissus sains et sensibles à l’irradiation se situent trop près de la tumeur : il est alors quasi impossible d’irradier celle-ci sans mettre en danger la qualité de vie du patient. La protonthérapie est synonyme de plus grande protection des tissus sains, mais réduit aussi le risque d’un nouveau cancer provoqué par l’irradiation elle-même. »
Prof. dr. Marc Decramer, administrateur délégué de l’UZ Leuven : « Nous considérons qu'il nous revient de jouer un rôle d’initiateur dans ce projet. En 1928, nous avons construit à Louvain le premier Institut du cancer avec l’appui de la population belge. Quelque 90 ans plus tard, nous faisons un nouveau pas en avant : nous investissons par-delà la frontière linguistique et en collaboration avec d’autres hôpitaux universitaires et hôpitaux régionaux dans la thérapie de haute technologie contre le cancer. Cette idée de collaboration s’inscrit parfaitement dans la vision de la ministre De Block qui appelle de ses vœux la mise sur pied d’un grand réseau d’hôpitaux. La collaboration est une évolution qui se retrouve partout dans le monde clinique et scientifique. Le partage de l’apport financier et des savoirs scientifiques constitue la meilleure façon de repousser les limites. »