Sheperd S. Doeleman s’est vu décerner le Prix international Georges Lemaître dans le cadre de la journée mondiale du Big Bang organisée à Charleroi. L’astrophysicien américain a été récompensé par la Fondation Louvain pour ses recherches sur les trous noirs.
Le mardi 28 mars dernier, Charleroi célébrait la Journée internationale du Big Bang et mettait à l’honneur Georges Lemaître, grand scientifique belge, professeur de l’UCLouvain et père de la théorie du Big bang et de l’univers en extension. Dans le cadre de cette journée dédiée à l’espace, la Fondation Louvain a décerné devant près de 150 personnes le Prix international Georges Lemaître à Sheperd S. Doeleman. Pour la 14e édition de ce prix, le jury a voulu saluer ses recherches portant sur les trous noirs supermassifs.
Sheperd Doeleman s’est confronté à un problème a priori impossible : comment photographier un objet invisible ? Les trous noirs ont un champ gravitationnel si intense qu’il empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s’en échapper. Il ne peuvent ni émettre, ni diffuser de la lumière, et sont donc optiquement invisibles. « Shep »Doeleman a relevé le défi. Ses recherches se sont focalisées sur la manière d'améliorer la résolution des radiotélescopes pour observer directement l'ombre des trous noirs supermassifs. Il a pour cela fondé le projet Event Horizon Telescope (EHT), un réseau de radiotélescopes terrestres qui, connectés entre eux, permet de former un télescope virtuel au diamètre effectif équivalent à celui de la Terre.
En 2019, ce télescope a saisi la toute première image d’un trou noir supermassif et de son ombre au centre de la galaxie M87. En 2022, ce sont les contours de Sagittarius A*, un trou noir situé au centre de la Voie Lactée, notre galaxie, qui était révélé. Ces observations sans précédent ont permis de mieux comprendre ce qui se passe au centre de notre galaxie et les interactions des trous noirs avec leur environnement. Le prochain défi de l’EHT ? Filmer des trous noirs en temps réel.
De retour sur ses terres natales
Sheperd S. Doeleman, qui est né en 1967 près de Louvain, a profité de ses deux jours à Louvain-la-Neuve pour visiter les archives de l’université et redécouvrir la ville dans laquelle il était déjà venu quelques années auparavant. Sa visite fut également l’occasion pour lui de donner deux conférences. Une première le lundi 27 mars et destinée à des jeunes chercheurs de l’université. La seconde, grand public, s’est tenue dans les auditoires des sciences le 28 mars sur le temps de midi et a rassemblé une centaine de personnes.
Présent à la cérémonie au Palais des Beaux-Arts, Thomas Dermine (à droite sur la photo), Secrétaire d’État pour la Relance et les Investissements stratégiques, chargé de la Politique scientifique, s’est félicité de cette journée et de sa symbolique. Il s’est joint au recteur, Vincent Blondel (à gauche sur la photo), pour remettre le prix à Sheperd Doeleman. Jean-Christophe Renauld, prorecteur à la recherche et président du comité de sélection du prix Georges Lemaître, a rappelé l’apport de Georges Lemaître à l’astrophysique et a présenté les recherches de Sheperd Doeleman, un des héritiers scientifiques de Georges Lemaître.
Le cosmos fait toujours rêver
Au cours de la soirée, les invité·es ont également eu l’occasion d’admirer une exposition sur Georges Lemaître réalisée par UCLouvain Culture et le Service des Archives de l'UCLouvain. Cette exposition retrace la vie du célèbre professeur de l’UCLouvain et père de la théorie du Big Bang. La soirée s’est conclue par une conférence sur le Big Bang et l’exploration spatiale à laquelle prenait part Véronique Dehant, astrophysicienne UCLouvain et ORB, Raphaël Liégeois, futur astronaute belge et Samantha Cristoforetti, astronaute de l’ESA qui fut la première femme cheffe d’équipage. 1800 personnes ont assisté à cette conférence, prouvant que la recherche spatiale fascine toujours autant le grand public.
La journée mondiale du Big Bang a prouvé que l’héritage scientifique de Georges Lemaître est toujours vivace, notamment à l’UCLouvain. En témoigne notamment la récente recherche parue dans l’Astrophysical Journal Letters à laquelle ont participé deux jeunes scientifiques de l’Institut de recherche en mathématique et physique. Elles ont analysé le plus grand sursaut de rayons gamma jamais observé dans l’espace, soit la plus puissante explosion cosmique après le Big Bang…