Sissi, impératrice crétoise de fouilles UCLouvain

Plus d’une centaine d’archéologues, chercheur·euses, étudiant·es se retrouvent chaque été à Sissi, en Crète, sous la direction du professeur UCLouvain Jan Driessen. Soit la plus importante campagne de fouilles belge à l’étranger. En 2019, les chercheur·euses UCLouvain ont réalisé une découverte exceptionnelle : la tombe intacte d'une femme, vieille de 3500 ans, parée de ses bijoux dont un collier en or, rarissime. Une mise au jour qui permettra d’en savoir plus sur la société crétoise minoenne, et sur le basculement d’une société collective vers une société tournée sur l’individu.

Seuls 6 palais ont été découverts en 120 ans d’archéologie minoenne en Crète. Et c’est l’équipe de l’UCLouvain qui a mis au jour, il y a 3 ans, le dernier palais connu ! Cela résume l’importance des fouilles archéologiques menées par Jan Driessen sur le site de Sissi. D’une vingtaine de scientifiques et apprentis archéologues à plus d’une centaine aujourd’hui, il a réussi à constituer la plus importante campagne de fouilles belge à l’étranger. Autour de l’archéologue UCLouvain, on retrouve une diversité de profils internationaux, parfois étonnants tels des paléobotanistes, anthropologues, micromorphologues, spécialistes de métaux etc. C’est que la découverte de ruines implique la mise au jour et la collecte d’une quantité très importante de mobilier et de restes humains, végétaux et animaux qu’il faut ensuite minutieusement étudier.

Concrètement, le site de Sissi longe la mer, il est élevé sur une colline, donc facile à défendre, et surtout, il jouxte l’un des plus grands sites minoéens crétois, celui de Malia. L’intérêt de ces fouilles ? Comprendre l’importance stratégique de sites secondaires comme Sissi, sortes de laboratoires décisionnels et culturels. Et obtenir une foule d’informations sur les modes de vie et les fondements de la société crétoise, sous l’ère minoenne (- 3000 à -1450 AV JC) et ensuite mycénienne (-1450 à -1200 AV JC), deux civilisations découvertes il y a moins de 150 ans.

« La civilisation minoenne était une société collective » explique Jan Driessen. En témoignent l’habitat et les sépultures qui étaient communautaires. D’autres coutumes de vie semblaient particulièrement caractériser les Minoens, notamment celles organisées autour des femmes qui jouaient un rôle très important. « Selon les données déjà récoltées, on suppose que les successions d’une génération à l’autre se faisaient de mères en filles ».

Le clou de la dernière campagne de fouilles ? La mise au jour de la sépulture intacte d’une femme vieille de 3 500 ans. Venant très probablement d’un haut rang de la société minoenne, elle avait avec elle des épingles en os et métal (qui indiquent qu’elle était richement habillée), un miroir en bronze et un collier de perles d’or. L’équipe de Jan Driessen va désormais étudier et comparer cette découverte avec d’autres fouilles de sépultures similaires, et produire davantage d’indices, notamment grâce aux analyses ADN : âge, taille, condition physique, origine ethnique, etc.

Un véritable travail d’expert·e qui permettra aux chercheur·euses d’avancer dans l’exploration de cette civilisation brillante, dont l’organisation sociale est encore méconnue sous plusieurs aspects. Les coutumes funéraires, le passage des tombes collectives aux sépultures individuelles : tous ces indices permettront de comprendre comment s’est opéré le basculement d’une société où primait le collectif, vers des modes de vie davantage centrés sur l’individu.

Infos : https://sarpedon.be/

Publié le 11 décembre 2019