Sortir du burnout parental, c’est possible

La Mutualité chrétienne et l’UCLouvain ont collaboré à la réalisation de la première étude mondiale sur la prise en charge spécifique du burnout parental, qui livre des résultats prometteurs. Les interventions de groupe conçues dans le cadre de cette étude réduisent significativement les symptômes du burnout parental, ainsi que l’apparition de comportements de négligence et de violence envers les enfants.

La prévalence du burnout parental

Le burnout parental est un syndrome qui touche tous les parents exposés à un stress parental chronique. Il présente plusieurs facettes tel que l’épuisement, la distanciation affective avec les enfants, la perte d’efficacité et d’épanouissement dans son rôle de parent et le contraste – c’est-à-dire une prise de conscience du parent entre celui qu’il était avant (un parent idéal) et ce qu’il est devenu (un parent épuisé, distant et saturé).

En Belgique, les chiffres les plus prudents suggèrent que 5 à 8% des parents seraient actuellement en situation de burnout parental, soit entre 150.000 et 210.000 et au minimum 100.000 mères et 50.000 pères.

Le burnout parental peut avoir des conséquences graves sur le parent lui-même (problèmes de santé, addictions, intentions suicidaires...), sur le couple (irritabilité, conflits...) et sur la relation parent-enfant (multiplication par 13 du risque de négliger ses enfants et par 20 de les violenter). Et, généralement, le parent victime du burnout parental ressent une forte culpabilité.

Deux types d’interventions de groupe

Grace à la collaboration de la MC et de l’UCLouvain, 150 parents en burnout ont participé gratuitement à 14 groupes d’accompagnement en Wallonie et en Région bruxelloise et ce, pendant 8 séances entre février et juin 2018.

Deux types d’interventions de groupe ont été testées par des groupes différents. D’une part, une intervention dite « structurée » dont l’objectif est de rééquilibrer la balance stress/ressources du parent en allégeant les facteurs de stress et/ou en optimisant ses ressources. D’autre part, une intervention de type « groupe de parole », plus libre, dans laquelle les parents sont invités à répondre à des questions ouvertes afin d’extérioriser leur souffrance, de mieux la comprendre et la soulager avec l’aide du groupe, tout en suivant des thématiques préétablies. Dans ce cas-ci, l’objectif est d’amener les parents à trouver leurs propres solutions.

Par ailleurs, un autre groupe, dit de « contrôle » avec échantillon de 40 parents a été mis en place pour vérifier si le niveau de burnout parental et ses conséquences se modifiaient spontanément avec le temps, en l’absence d’une prise en charge, au cours de la période de 8 semaines correspondant à la durée de l’étude.

Des résultats éloquents et prometteurs

Les résultats du groupe de contrôle montrent qu’en l’absence d’intervention, aucun des symptômes ne se réduit spontanément avec le temps. A l’inverse, les effets positifs des protocoles de prise en charge mis en place ont été constatés immédiatement après la fin des huit séances et tendent à augmenter au fil du temps, pour les deux types d’intervention expérimentés.

Chez les parents qui ont participé aux groupes d’intervention de type « groupe de parole », les symptômes du burnout parental régressent de 22%. Chez les parents qui ont participé aux groupes d’intervention « structurée », la réduction est de 32%.

Les participants au « groupe de parole » montrent une réduction des comportements à la fois de négligence (-21%) et de violence (-23%). Au sein de l’intervention « structurée », la réduction est légèrement supérieure (respectivement -25% et -28%).

Trois mois après la fin des séances, les participants ont complété le protocole d’évaluation afin de vérifier si les effets observés immédiatement après la fin de l’intervention se maintiennent sur le long terme. La réponse est oui. Pour les trois variables - le niveau du burnout parental des participants, les comportements de violence et les comportements de négligence envers les enfants - ont continué à décroître d’environ 30% trois mois après les séances et dans les deux types d’intervention. De même, on observe une forte diminution du stress après l’intervention. Le cortisol capillaire, l’hormone de stress, a en effet diminué de 52%.

Des suites déjà prévues

« Forts de ces avancées, nous souhaitons faire évaluer l’efficacité d’un programme encore amélioré d’accompagnement pour parents en burnout, se félicite Moïra Mikolajczak, Docteure en Psychologie, Professeure et directrice de recherche sur le burnout parental à l’UCLouvain. Et tout naturellement, nous avons proposé à la MC de se mobiliser autour de cette nouvelle recherche. Ainsi, six nouveaux cycles de prise en charge seront proposés dans 4 régions : Bruxelles, Brabant-Wallon, Namur et Hainaut ». Les parents intéressés peuvent s’inscrire gratuitement sur www.mc.be/ateliers-burnout-parent. Les résultats sont attendus pour la fin de l’année 2019.

« Ces résultats encourageants nous motivent à poursuivre notre accompagnement dans la parentalité par la sensibilisation et la prévention, à faire avancer la recherche avec l’UCLouvain et à remplir notre rôle de partenaire santé de référence auprès des professionnels afin de, là aussi, améliorer la prévention et la promotion de la santé », déclare Elisabeth Degryse, Secrétaire nationale de la Mutualité chrétienne. « Par ailleurs, dans la perspective des prochaines élections, la MC plaide pour un meilleur remboursement de l’aide psychologique de première ligne et un budget supplémentaire pour les soins de santé mentale ».

« Avec la MC, nous sommes aussi conscients de la nécessité d’étayer le réseau des professionnels formés à la détection et à la prise en charge des parents en burnout. Pour relever le défi, la MC et l’UCLouvain mettent en place des formations certifiées au printemps 2019 afin de constituer un panel de professionnels de première et deuxième ligne formés à la détection et à la prise en charge du burnout parental dans chaque région, y compris dans les centres de planning familial et centres de santé mentale », détaille Isabelle Roskam, Docteure en Psychologie, Professeure et directrice de recherche sur le burnout parental à l’UCLouvain. Les inscriptions sont déjà ouvertes sur www.mc.be/burnout-parent.

Publié le 24 janvier 2019