« Après un mois et demi de crise, la Nouvelle-Calédonie comptabilise 18 patient·es COVID »

 

Il figure assurément parmi les Alumni Louvain les plus "éloignés" de leur Alma mater, puisqu'il faut 23h d'avion pour parcourir les 16 500 km qui nous séparent du "Caillou", qui a entamé son déconfinement ce lundi 20 avril. Le Dr Nicolas Delvau, diplômé de la Faculté de médecine et ancien chef de clinique adjoint au service des urgences de Saint-Luc, nous adresse une « carte postale » depuis Nouméa.

« On a eu cette chance d’avoir l’arrivée des patient·es contaminé·es par le Covid assez tard parce que le gouvernement (territorial) a arrêté à temps l’arrivée des bateaux de croisière et des avions. Et à partir du moment où ça s’est bloqué, on est vraiment isolé·es du reste du monde. La spécificité de la Nouvelle-Calédonie, qui est une languette de terre de 350 km de long avec à sa droite, les Îles Loyauté et au sud, l’île des Pins ; c’est qu’évidemment, il faut aller chercher les patient·es isolé·es sur les îles à +/- 45 minutes d’hélicoptère ou d’avion, que ce soit de jour comme de nuit. Et quand ils sont susceptibles d’être infectés par le Covid, il faut évidemment s’habiller en tenue pour pouvoir aller les chercher en toute sécurité, parce qu’on va rester confiné·es dans un tout petit espace, qui est l’hélicoptère ou l’avion, pendant 45 minutes/1 heure. »

État de la situation sur place

« Après un mois et demi de crise, la Nouvelle-Calédonie comptabilise 18 patient·es COVID, dont un·e seul est autochtone. Les 17 autres sont des gens arrivés en avion ou en bateau, qui ont été mis en quarantaine, qui ont été détectés à temps et isolés à l’hôpital. Ça, c’est une spécificité : en France, les gens qui sont peu symptomatiques sont isolés à la maison parce qu’il n’y a pas de place à l’hôpital. Et nous, on a encore ce confort de pouvoir les isoler vraiment à l’hôpital. »

Les premiers à « se déconfiner »

« Étant donné que nous n’avons que 18 cas, dont un seul en réanimation, qui évolue plutôt bien pour l’instant, on va être un des premiers pays à se déconfiner (c’est aujourd’hui le cas). Là, on n’a pas vraiment d’exemple, donc on est obligé·es de se fier à la littérature existante, aux expériences de pandémie précédentes, pour de nouveau être créatif·ves par rapport au déconfinement scolaire ou au déconfinement au travail, etc … »

Prudence maximale

« On s’était vraiment préparé·es à une vague qui aurait été compliquée à gérer, puisqu’on ne peut pas ici bénéficier de l’aide de médecins qui arriveraient de France, de Belgique ou d’autres pays, donc on est obligé·es de se débrouiller nous-mêmes, avec un nombre de respirateurs qui comme dans tous les pays, est limité, sur un territoire qui n’est pas extrêmement grand. C’est pour ça que la prudence est maximale au niveau du contrôle des gens potentiellement contaminants, parce que c’est vrai que si on est dépassé·es par les événements en termes de places en réanimation, on n’aura pas de plan B … Au niveau des masques, on vient d’en recevoir 500 000 mais ça a été aussi compliqué, comme partout. Et c’est vrai que l’isolement fait qu’on a encore moins d’accès à ces approvisionnements, en tout cas, ça prend beaucoup plus de temps qu’ailleurs. »

L’importance des partages d’expériences

« Sur le plan personnel, j’ai encore beaucoup de contacts avec les Cliniques Saint-Luc, avec le service des Urgences dans lequel je travaillais. On échange beaucoup sur la partie respiratoire puisque les services d’urgence sont situés en amont des services de réanimation et donc on essaie d’utiliser des techniques de ventilation non-invasives. On est obligé·es, comme dans le reste du monde, de faire preuve d’imagination, de créativité. »