" Donner à la culture la place qu'elle mérite"

 

Quel futur pour la culture ? Professeure de droit constitutionnel, Céline Romainville copilote le "groupe des 39" chargé de penser l'avenir de la culture. Pour les artistes comme pour les publics. Parce qu'il est grand temps de (re)donner à la culture toute la place qu'elle mérite, et de mieux articuler soutien à la création et droit d'accéder et de participer à la vie culturelle.

 

« Durant le confinement, on n’a jamais autant consommé de culture, et la culture a quelque chose d’essentiel pour que chacun puisse vivre au mieux cette période », explique-t-elle. « Et en même temps, en consommant ces biens (culturels), on a aussi réalisé la grande, grande précarité dans laquelle se trouvaient les créateurs, les grandes difficultés auxquelles ce secteur doit faire face. Maintenant il est temps de prendre ces problèmes à bras le corps, et de donner à la culture la place qu’elle mérite, de revaloriser ce secteur, et de lui dessiner un avenir qui va panser les plaies de la crise de la Covid, mais qui va aussi résolument mettre les bases d’une politique culturelle tournée vers l’avenir, et qui sera plus résiliente.

D’abord à court terme, il s’agit de mettre en place dès les mois de juillet des instruments qui vont pouvoir relancer rapidement le secteur de la culture, tenter des nouvelles manières de faire, d’approcher les publics, essayer de surmonter les peurs qui ont aussi été générées par la crise de la Covid, et puis à plus long terme, le groupe de travail entend aussi dégager des pistes, des perspectives d’amélioration des politiques culturelles pour le mois de septembre.

La crise remet en avant la nécessité absolue de redonner une place à l’artiste, au créateur…, sans oublier évidemment tous les autres métiers, ni les publics. Il n’y pas d’artiste, il n’y a pas de culture sans publics, les politiques culturelles doivent absolument réconcilier ces deux pôles, le soutien à la création et, de l’autre côté, la protection, la promotion du droit d’accéder et de participer, en étant un acteur, pas simplement un consommateur de culture. Alors comment on fait ? Comment on réfléchit par rapport à ces questions ?

Évidemment, ce sera la tâche du groupe de réflexion, mais on peut déjà dire qu’il y a des axes prioritaires qui se dessinent. Il faut sans doute réfléchir à des légères réorientations dans la politique culturelle, pour que la rencontre entre artistes et publics touche un plus grand nombre de gens, touche l’ensemble de la population. L’art, la culture, c’est la production d’expériences signifiantes, c’est le travail sur le lien social, le lien humain, on ne peut pas envisager de se passer du contact humain qui est à la base des arts vivants, on ne peut pas se passer de la relation entre l’artiste et ses publics …

Je trouve que les personnes qui composent ce groupe ont toutes cette qualité de savoir se décentrer par rapport à leurs parcours, leurs difficultés… Et l’espoir, c’est que ces personnes réfléchissent dans l’objectif de l’intérêt général, ce n’est pas un plan de relance de chacun des secteurs, c’est un plan de relance d’une politique culturelle transversale. J’espère qu’on pourra continuer comme ça pour dégager des pistes de solution à long terme…»